Philippe Maystadt a assuré la transition entre le PSC de Charles-Ferdinand Nothomb et le CDH de Joëlle Milquet. © Herwig Vergult/belgaimage

L’eau et le feu

En un mois, la scène politique belge a perdu deux de ses figures historiques. Philippe Maystadt, emblème de la démocratie chrétienne francophone, et Luc Delfosse, incarnation du contre-pouvoir.

Il avait été le plus jeune membre d’un exécutif wallon, avant que Charles Michel ne lui ravisse le titre, en 2000. Le 15 octobre 1979, à 31 ans, Philippe Maystadt devenait secrétaire d’Etat dans le premier gouvernement wallon, dirigé par Jean-Maurice Dehousse (PS). Compétences : Economie et Aménagement du territoire. Sa carrière ministérielle n’allait plus s’interrompre jusqu’en 1998. Fonction publique, Politique scientifique, Environnement, Budget, Plan, Affaires économiques, Finances, Commerce extérieur et vice-Premier : il est durant près de vingt ans de tous les gouvernements belges, son PSC participant à tous les attelages.

Fédéraliste et Européen convaincu, homme de chiffres et d’Etat, il assure ensuite, contraint et forcé, l’intérim à la présidence de son parti, entre le vieux PSC de Charles-Ferdinand Nothomb et le nouveau CDH de Joëlle Milquet, avant de partir, en 2000, diriger, pour douze ans, la Banque européenne d’investissement.

Début décembre, Philippe Maystadt s’est éteint, victime d’une maladie respiratoire orpheline. Discret, dans la retenue en toutes circonstances, l’ancien grand argentier de la Belgique était, entre mille autres occupations, chroniqueur au Vif/L’Express, pour y expliquer surtout les réalités européennes.

Son décès est survenu un mois après celui d’un autre de nos chroniqueurs illustres, Luc Delfosse, homme de lettres et d’engagements, lui aussi. Ex-journaliste politique et rédacteur en chef adjoint au Soir, il était à Philippe Maystadt ce que le feu est à l’eau. Tout en clameurs et en bourrasques. Pour étriller, d’une plume très singulière, élus et gouvernants. Maystadt compris, qu’il qualifiait de  » Renard de Ransart « , et à propos duquel il écrivait, notamment, avant le passage de témoin à Joëlle Milquet, en 1999, sous le titre  » Gene Kelly a rendez-vous avec Debbie Reynolds  » :  » Ce leader solitaire et surdoué laissera son prénom à des emprunts d’Etat. Pour le reste, sa capacité d’adaptation fera des miracles. La présidence du PSC était sa couronne d’épines. La banque et ses charités seront son divan de Shéhérazade. Et quoi à la fin ! Après nous les mouches !  » Un vide immense aussi.

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