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Le vinyle

Ça craque, ça grésille et c’est ce grain unique qui plaît, même aux plus jeunes, aux moins de 30 ans. Alors, il y a ce son chaud et la platine, objet de déco, mais pas seulement. Habitués à écouter de la musique sur nos portables, tout en faisant autre chose, l’écoute d’un disque est différente car elle impose le décrochage. La musique s’écoute sans rien faire d’autre. Bref, c’est rompre avec la vitesse de l’époque. Et, puis, selon François Gauthier, professeur à l’université de Fribourg, le vinyle prend un autre sens aujourd’hui. Il « devient un peu comme le bio, comme le vin nature. Un produit qui n’est pas pour tous et qui définit une communauté esthétique ». Voilà, donc, pourquoi cet ancien fête sa revanche. Les chiffres permettent de la mesurer: en Belgique, en 2020, les vinyles représentaient 31% du total des ventes physiques, contre 23% en 2019. Donné pour mort dans les années 1990, le disque n’avait pas résisté au CD – qui s’impose comme le format universel de la musique enregistrée – ni à l’Internet, aux baladeurs numériques, aux plateformes de téléchargement puis de streaming – trois quarts du marché, quand même… Une dématérialisation de la musique qui, en une poignée d’années, provoque son déclin. La galette noire fut quelque peu ressuscitée par les DJ, qui lui avaient conservé leur estime, à l’instar des mélomanes, qui reprochaient au CD une sécheresse sonore. Ces enthousiastes ne sont pourtant pas assez nombreux. Il faut surtout attendre le naufrage du CD, sous les coups des téléchargements, d’abord illégaux, pour que le vinyle redresse la tête et redevienne un objet de désir, une alternative séduisante à ces bibliothèques numériques. Et cela tourne désormais à plein régime, tant et tant que les délais d’attente s’allongent. D’abord, parce qu’ils n’étaient que quelques producteurs à être restés fidèles à des savoir-faire jugés dépassés. Ils sont une trentaine aux Etats-Unis, le plus gros producteur, et quatre en Europe, à presser des vinyles. Sur les chaînes, ça bouchonne. On privilégie les grosses commandes. Il manque aussi la matière première du vinyle, le polymère. Les fabricants produisent àflux tendu et ne font plus de stock. Des soucis, il y en a aussi pour se faire livrer les pochettes en papier et, surtout, les moules pour presser les galettes. Alors, les prix s’envolent, de façon injustifiée. Il n’est plus rare de voir un disque réédité plus cher que l’original, encore dégotable lors d’un vide-grenier…invitant aussi à penser que, peut-être, le CD n’est pas tout à fait en perdition.

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