Le sens du progrès

Sommes-nous fatigués du progrès, et, si oui, pourquoi ?

José Verstraat, BruxellesCommençons d’abord par préciser les limites du débat pour que celui-ci ne parte pas dans tous les sens. Le progrès consiste dans la synthèse de la marche avant dans tous les domaines de l’activité humaine. On parlera donc des sciences et de la technique, leur esclave-maîtresse, de l’égalité politique du genre humain qui implique la liberté… et les moyens de la pratiquer et de la sécurité à laquelle chacun a droit. Comme on peut le voir, cette définition du progrès se partage entre ses aspects scientifiques et politiques.

Le progrès moral, lui, peut être envisagé de deux points de vue différents. Il peut exprimer la prise de conscience de l’individu et il varie à toutes les époques selon la capacité de chacun d’eux. Encore faut-il savoir ce qu’on appelle progrès moral. Consiste-t-il, par exemple, à  » respecter les pauvres  » ou à  » éradiquer la pauvreté « , à protéger la famille ou à libérer l’individu de toutes les entraves, etc. ? Ce qui amène certains à émettre l’idée (c’est le second point de vue) que le progrès moral n’est que la conséquence du progrès matériel, synthèse du progrès scientifique et du progrès politique. Ce dernier étant lié au développement de la démocratie pour une grande majorité qui l’affirme sans ambages ou in petto (dans les pays où règne la dictature) , il paraît donc difficile de parler d’un progrès moral en soi. Ou bien il est affaire individuelle, ou bien il est la conséquence (le produit) de la conjugaison du progrès scientifico-technique et de son administration politique. Pour sa part, le progrès scientifique est d’une certaine façon mécanique si certaines conditions sont présentes : un bon enseignement, une recherche vigoureuse, un encouragement fortement personnalisé (argent, honneur…). Autrement dit, cela dépend finalement de la façon dont la cité est gouvernée.

Tout bien considéré, il apparaît que le seul progrès qui soit l’£uvre volontaire de l’humain collectif est le progrès politique . La question devient donc : sommes-nous fatigués du progrès politique et, si oui, pourquoi ? On peut penser que la réponse est oui ! Dans nos pays, il n’y a plus de vrais et ambitieux projets politiques. Nous ne croyons plus vraiment à la supériorité du système démocratique à l’échelle mondiale. Nous parlons repentance et très peu de notre avenir. Nous sommes prêts, au nom du respect des cultures, à accepter des régimes qui nient la liberté, etc. Plutôt que de nous interroger sur cette déréliction, nous accusons aujourd’hui le progrès et demain – qui sait – le régime démocratique lui-même. Adressez vos questions de philosophie ou de société à Jean Nousse, via Le Vif/L’Express ou par courriel à jeannousse@hotmail.com

par jean nousse

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