LE PAUVRE ÉPARGNANT GREC

Le mot  » volontaire  » doit avoir en Grèce une autre signification que dans nos autres pays (comme d’ailleurs certains autres mots, dont  » bonne gouvernance « ). Ainsi, donc, quelques jours après un arrangement avec les institutions financières du secteur privé, prévoyant abandon de 52 % de leur investissement en fonds d’Etat grecs, le gouvernement grec a fait voter des  » clauses d’action communes « , prévoyant de forcer les  » non-participants volontaires  » à échanger quand même leurs titres au cas où un minimum de participation de 90 % n’était pas atteint. Comme les Grecs sont gourmands et que la participation n’atteignait  » que  » de 83 %, ils se sont empressés d’activer lesdites clauses.

Du coup, les agences de notation ont déclaré la Grèce en état de défaut de paiement partiel. Ce qui a déclenché l’activation des CDS ( credit default swaps), sorte d’assurance qu’ont souscrite certaines institutions pour se couvrir contre un défaut de paiement de la Grèce (3,5 milliards d’euros). Pourtant, on avait averti la Grèce de l’effet domino et des risques inhérents à l’activation des clauses d’action communes. Curieusement ou intentionnellement, il n’a jamais été fait mention lors des négociations du  » deal grec  » des investisseurs privés non institutionnels.

Et voilà tout à coup le monde dans un même bateau. Cependant, il y a une différence considérable entre banques et épargnants : les banques peuvent amortir leur perte (de 52 %) et la réduire à 35 %. De plus, les banques bénéficient d’une manne de crédits de la Banque centrale européenne à hauteur de presque 1 000 milliards d’euros sur 3 ans à un taux réduit de 1 %. De quoi réduire drastiquement leur perte. Tandis que le pauvre épargnant européen encaisse une perte sèche de 52 % sans aucun amortissement ni compensation. Totale injustice. Où sont cette Europe et Commission européenne qui sont censées également défendre les intérêts du citoyen et non seulement ceux du monde financier ? Les mêmes qui ont fermé les yeux pendant des années sur le désastre grec qui devrait plutôt être qualifié de  » banqueroute frauduleuse  » que de simple  » défaut de paiement partiel « .

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JEAN-MARIE ROTH, OVERIJSE, PAR COURRIEL

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