LE PAPE, CHEF D’ÉTAT COMME UN AUTRE ?

Le roi et la reine, mais aussi Elio Di Rupo et trois vice-Premiers, soit un tiers du conseil des ministres : une délégation belge de très haut niveau s’est rendue mardi au Saint-Siège pour assister à la messe inaugurale du pape François. De trop haut niveau ? Les avis sont partagés. Aux yeux du professeur de droit constitutionnel Christian Behrendt (ULg), il faut se garder d’y voir un hommage religieux.

 » Sincèrement, je m’étonne que certains y trouvent une polémique, à part pour créer une tempête dans un verre d’eau. (…) A partir du moment où il s’agit d’un Etat avec lequel on entretient des relations diplomatiques, il y a des règles et des usages protocolaires.  » (Matin Première le 18 mars, Le Soir le 19 mars)

DISCUTABLE Quelles règles protocolaires régissent ce genre de délégation ? Elles sont floues, voire inexistantes, indique-t-on au SPF Affaires étrangères. En règle générale, le couple royal ou des membres de leur famille assisteront aux prestations de serment des têtes couronnées. Le Premier ministre se rendra plutôt chez les chefs d’Etats avec lesquels nous entretenons d’étroites relations, par exemple la France. Dans ce cas, la présence du ministre des Affaires étrangères ne s’impose pas. Si les liens avec le pays concerné sont plus distendus, l’ambassadeur sur place suffit amplement.

A cette aune, le nouveau chef de l’Eglise catholique romaine bénéficie d’un traitement hors du commun. Jamais, à notre connaissance, une représentation officielle si prestigieuse n’a assisté à l’entrée en fonction d’un autre dirigeant sur la planète. A titre de comparaison, ni monarque ni ministre belge n’étaient présents lors de la messe d’intronisation du prince Albert de Monaco, chef d’un micro État, certes, mais 45 fois plus peuplé que le Vatican.

En 2009, la canonisation du Père Damien avait en revanche poussé à Rome le roi, la reine, le Premier ministre Herman Van Rompuy, deux vice-Premiers, deux ministres et un secrétaire d’Etat, tous chrétiens-démocrates.

C’est nettement plus que lors de la messe inaugurale du pape Benoît XVI, quatre ans plus tôt, sous un gouvernement libéral-socialiste : seuls Philippe et Mathilde avaient fait le déplacement, accompagnés du ministre de la Coopération au développement et du président de la Chambre.

Précisons que le couple royal, ainsi que le Premier ministre Guy Verhofstadt, avait déjà assisté peu avant aux obsèques de Jean-Paul II. Reste que l’importance accordée au pape en tant que chef d’Etat semble dépendre moins des usages protocolaires que de la couleur politique du gouvernement en place, ou des personnalités qui le composent.

E.R.

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