© getty images

Le mur

Le Vif

Une barrière, un rempart, une clôture entre les pays, l’idée est aussi ancienne que les concepts de nation et de frontière. Mais voilà, après 1989 et la fin de la guerre froide, on a vite cru que les murs tomberaient. Pas vraiment: de la clôture grillagée à un véritable mur, le phénomène concerne entre 6% et 18% des 250 000 kilomètres de frontières terrestres dans le monde. Sans compter les murs annoncés. Ainsi, au lendemain du sommet européen, les dirigeants de l’Union européenne ont déclaré vouloir renforcer leurs frontières pour «reprendre le contrôle des flux migratoires». Les mots «murs» et «clôtures» ne figurent pas tels quels dans le texte européen final. Ces termes sont contestés par des géographes. Ainsi, le Français Michel Foucher, qui fut également diplomate et pionnier de la recherche sur les frontières, estime dans Le Monde, que le «mur» est une «formule politique et médiatique, mais rarement une réalité. La plupart du temps, ce sont des clôtures. Des frontières non pas fermées mais filtrées.» Les estimations du nombre de «murs» varient donc d’un spécialiste à l’autre. En revanche, ils sont d’accord sur ceci: l’époque est à la construction, les murs sont à la mode. Une autre experte, Elisabeth Vallet, politologue canadienne, considère que «le mur est la réponse immédiate des politiques à l’impression des gens d’une perte de contrôle des territoires, des flux, des valeurs». Une opération de relations publiques, en quelque sorte. Et les gens sont prêts à voir des murs antimigrants se construire. L’Union européenne (UE) ne craint plus de bâtir, à ses frontières, des murs contraires à ses valeurs. Voici donc des chiffres et des exemples. Selon un rapport du Parlement européen, l’UE comptait, en 2022, plus de 2 000 kilomètres de barrières et de murs frontaliers, contre à peine 300 kilomètres en 2014. Outre Ceuta (photo) et Melilla, enclaves espagnoles au nord du Maroc, on en trouve en Grèce, en Bulgarie, en Hongrie et jusqu’en France pour tenter d’empêcher les exilés de rejoindre le Royaume-Uni. Bref, ils sont devenus, comme le dit Elisabeth Vallet, socialement admissibles et «donnent l’impression que la politique fait quelque chose». Là où ça coince, c’est avec quels fonds financiers les payer…

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire