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Le maître de musique

Le génial compositeur italien a marqué l’histoire du cinéma au gré de ses collaborations avec Sergio Leone, Bernardo Bertolucci ou Quentin Tarantino. Temps forts.

Disparu le 6 juillet à l’âge de 91 ans, Ennio Morricone laisse une oeuvre monumentale – plus de 500 partitions écrites pour le cinéma et la télévision au long des soixante années d’une carrière entamée en 1961 avec Il Federale, de Luciano Salce. S’il comptait parmi les compositeurs de musiques de films les plus prolifiques, le Maestro était non moins indiscutablement le plus connu, sa collaboration avec Sergio Leone, entamée au milieu des années 1960 avec Pour une poignée de dollars, lui ouvrant les voies d’un succès et d’une notoriété qui ne se démentiront jamais par la suite. Et cela, qu’il contribue à donner au western spaghetti une coloration unique, de Pour quelques dollars de plus à Il était une fois dans l’Ouest et autres Mon nom est personne, qu’il travaille avec les maîtres italiens comme Bernardo Bertolucci, Pier Paolo Pasolini et Giuseppe Tornatore, ou qu’il mette son talent au service du cinéma hollywoodien, du lyrique Les Moissons du ciel de Terrence Malick au sanglant Les Huit Salopards de Quentin Tarantino. Retour sur quelques temps forts d’un parcours d’exception.

Bernardo Bertolucci
Bernardo Bertolucci© belgaimage

1900 – Bernardo Bertolucci

De Prima della rivoluzione, en 1964, à La Tragédie d’un homme ridicule, en 1981, Ennio Morricone signe les musiques de cinq films de Bernardo Bertolucci. Parmi ceux-là, Novecento (1976), fresque monumentale portée par un souffle lyrique puissant auquel contribue la partition grandiose du Maestro :  » Seul Ennio Morricone pouvait écrire une musique aussi respectueuse du côté épique de la musique populaire et politique italienne du début du xxe siècle « , observera le cinéaste, admiratif.

Terrence Malick
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Les moissons du ciel – Terrence Malick

La carrière d’Ennio Morricone se déclinera des deux côtés de l’Atlantique, Hollywood ne tardant pas à faire les yeux doux au génial compositeur romain. Terrence Malick fait ainsi appel à lui pour écrire la musique des Moissons du ciel, en 1978. Il expliquera avoir imaginé  » une espèce de symphonie solennelle entre l’image et le son « , non sans citer au passage Le Carnaval des animaux de Camille Saint-Saëns (dont le festival de Cannes fera la musique de sa sélection officielle). Pour un résultat à l’image du film, d’une suffocante beauté. Nommé pour la première fois aux Oscars, Morricone voit la statuette lui échapper au bénéfice de Giorgio Moroder, pour Midnight Express.

Quentin Tarantino
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Il était une fois dans l’Ouest – sergio leone

De toutes les musiques écrites par Ennio Morricone, celle de  » l’homme à l’harmonica  » pour Charles Bronson dans Il était une fois dans l’Ouest, de Sergio Leone, est sans doute la plus fameuse. De Pour une poignée de dollars, en 1964, à Il était une fois en Amérique vingt ans plus tard (en passant encore par… Et pour quelques dollars de plus, Le Bon, la brute et le truand et Il était une fois la Révolution), Leone et Morricone ont écrit l’histoire du 7e art, leur association entrant dans la légende, au même titre que celles unissant Alfred Hitchcock à Bernard Herrmann, ou Federico Fellini à Nino Rota.

Giuseppe Tornatore
Giuseppe Tornatore© belgaimage

Les Huit salopards – Quentin Tarantino

Quentin Tarantino n’a jamais caché son admiration pour Ennio Morricone, dont il avait utilisé les musiques à de multiples reprises. Il était donc logique qu’il fasse appel à ce dernier pour Les Huit Salopards, un film empruntant largement à l’imagerie et aux codes du western spaghetti que le maître transalpin avait contribué à définir. Pour un résultat on ne peut plus concluant, le compositeur glanant enfin, en 2016, cet Oscar qui s’était refusé à lui pour Les Moissons du ciel, mais aussi pour Mission, de Roland Joffé, Les Incorruptibles, de Brian De Palma, Bugsy, de Barry Levinson, et Malèna, de Giuseppe Tornatore…

Sergio Leone
Sergio Leone© belgaimage

Cinema Paradiso – Giuseppe Tornatore

Lorsque le producteur Francisco Cristaldi contacte Morricone pour écrire la musique de Cinema Paradiso, en 1988, le compositeur est déjà engagé sur Old Gringo, de Luis Puenzo. La lecture du scénario de Giuseppe Tornatore le convainc toutefois de lâcher l’affaire. Il n’aura pas à le regretter, le film, avec son humeur émouvante et nostalgique, consacrant le début d’une longue amitié et d’une collaboration qui s’épanouira dans la durée. Jusqu’à La Corrispondenza, dernière partition du Maestro pour le cinéma, en 2016, à une époque où il se consacrait surtout à la musique  » absolue « .

Les citations sont empruntées à Ennio Morricone : ma musique, ma vie, par Alessandro De Rosa, éd. Séguier, 2018.

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