Anne-Sophie Bailly © HATIM KAGHAT

Le langage des signes

On a d’abord eu la foire d’empoigne autour des écoles pour voir si et quand elles rouvriraient. Signe du retour des débats communautaires.

On a ensuite eu les fuites des recommandations des experts dans la presse. Signe de la tension entre scientifiques et politiques.

On a eu de nouvelles fuites. Signe d’un manque de confiance.

On a eu la démission d’Emmanuel André. Signe que la tension devenait insupportable.

Et puis on a eu la conférence de presse de Sophie Wilmès. Celle que tout le monde attendait depuis des jours (et le jour J depuis des heures). Signe de l’attente extrême d’un plan de déconfinement.

On a alors eu les phases 1a, 2b, les PowerPoint foireux, les b2c, les b2b. Les  » peut-être  » et les  » on verra « . Signe de la difficulté d’énoncer un message clair.

On a eu la réouverture des commerces et le report des visites familiales. Signe de la prédominance de l’économie sur l’humain.

On a eu le retour partiel à l’école. Signe d’un compromis bancal.

On a eu la promesse de masques pour tout le monde le 4 mai. Signe de son importance.

Mais on a aussi eu le bandana et le foulard. Signe du besoin d’une alternative.

On a eu  » on n’aura jamais de masques en suffisance pour le 4 mai « . Signe que c’est le grand bordel.

Ni sur le fond, ni sur la forme, l’Exit Strategy de la Belgique n’a convaincu. Bien entendu,  » le déconfinement est une opération jamais réalisée dans l’histoire de la Belgique. La Belgique n’a jamais dû se déconfiner « , comme le pointe à chaque fois Sophie Wilmès. Personne ne dira le contraire. L’équation a de très nombreuses inconnues.

Le citoyen en est conscient. Il a bien intégré l’enjeu sanitaire et dans l’ensemble respecté les mesures du confinement. Jusqu’ici.

Mais depuis le vendredi 24 avril, des appels plus nombreux à la désobéissance civile fleurissent. Sur les réseaux :  » Annuler les taxes et des impôts pour les indépendants, pas les reporter.  »  » Gardez vos masques pour les lacrymogènes, on va en avoir besoin après le déconfinement.  »  » J’ai donné rendez-vous à ma famille chez C&A.  » Sur les murs de la ville :  » J’accuse Sophie Wilmès de non-assistance à plat pays en danger.  »

En privé et plus discrètement :  » Je n’en pouvais plus, j’ai pris mon vélo et j’ai été voir ma soeur.  »  » Je retourne au bureau deux jours par semaine, tant pis.  »

La traduction est claire. Une population n’adhère pas à des mesures contradictoires ou infantilisantes. Le rapport à l’autorité vacille.

Le vendredi 24 avril, on a perdu une

certaine adhésion sociale. Non au combat contre le Covid-19. Mais sur les priorités de ce combat.

Certains commencent d’ailleurs à exploiter cette frustration.

Il y a des signes qui ne trompent pas.

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