Le dilemme germanophone

BHV ? Un dossier pourri. Y compris pour les germanophones, pris en tenaille entre leur volonté de rester neutre dans un conflit qui ne les concerne pas et leur souci d’assurer la pérennité de la maison Belgique.

Coucou, le revoilou ! On avait un peu perdu de vue Karl-Heinz Lambertz depuis sa mission éclair comme médiateur royal, en juillet 2008. Maniant tour à tour la prudence, l’audace et l’humour, le socialiste s’était alors révélé aux yeux de l’opinion publique. La tourmente apaisée, le ministre-président avait tranquillement repris la direction d’Eupen, où il dirige depuis 1999 sa chère  » DG  » ( Deutschsprachige Gemeinschaft). Karl-Heinz Lambertz opère à présent son come-back à l’avant-scène de la politique belge. Dans un rôle nettement plus ingrat. Car, cette fois, lui et les siens n’ont rien à gagner. Pas même quelques poussières de prestige.

Entre deux chaises

Sur ce terrain miné qu’est le dossier de Bruxelles-Hal-Vilvorde, les germanophones sont attendus au tournant. Que vont-ils décider ? Lundi soir, leurs ténors politiques se réuniront à Eupen pour un Parteigespräch, caucus informel réunissant deux ou trois éminences de chaque parti. Ensemble, ils décideront de la ligne à adopter. Bernie Collas (MR), seul sénateur germanophone, avoue son malaise :  » Nos intérêts ne sont nullement concernés par BHV. Nous n’avons rien à gagner en nous mêlant de ce conflit. La raison d’Etat pourrait éventuellement justifier que nous intervenions. Mais il faudrait alors que nous recevions un signal clair du gouvernement fédéral.  » Ce signal viendra-t-il ? Dans sa déclaration à la Chambre, le 13 octobre, Herman Van Rompuy n’a fait aucune allusion à BHV.  » Les germanophones ne peuvent être que perdants, analyse Roger Pint, correspondant à Bruxelles de la chaîne de télé BRF. S’ils actionnent le conflit d’intérêts (lire ci-dessous), on dira en Flandre qu’ils sont instrumentalisés par les francophones. Et s’ils ne déclenchent pas le conflit d’intérêts, on nous accusera de jouer avec l’avenir du pays.  »

Obsession des germanophones, dès lors : éviter à tout prix d’apparaître comme partisans de l’un ou l’autre camp.  » Si Karl-Heinz Lambertz a reçu Bart De Wever et plusieurs bourgmestres de la périphérie bruxelloise, c’est parce qu’eux avaient demandé à le rencontrer, insiste d’ailleurs Roger Pint. Ce n’est pas lui qui les a invités. « 

François Brabant

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