© hatim kaghat

Le cri d’une épouse de ministre dézingué

Trop is te veel. A la  » casa Beke « , on a refusé de souffrir davantage en silence. De supporter sans broncher le déluge de reproches qui pleut sur un mari, un père de famille qui est aussi un ministre flamand du Bien-être et de la Santé cloué au pilori. L’épouse, Leen Desmyter, a empoigné le clavier pour partager toute sa peine sur sa page Facebook :  » Mon trésor, à lire les commentaires, je suis mariée à l’homme le plus irresponsable du monde. Aujourd’hui tu es le diable, alors que tu consultes et te concertes durant des heures, alors que tu donnes tout.  » Ce n’est pas tous les jours qu’une épouse de ministre monte au feu pour aider à éteindre l’incendie qui environne son cher et tendre. Mais là, Mevrouw Beke finissait par ne plus reconnaître son Wouter, le seul vrai, qui ne veut que  » le bien des gens « .

Mevrouw Beke finissait par ne plus reconnaître son Wouter, le seul vrai, qui ne veut que u0022le bien des gensu0022.

Hélas, ce n’est pas la réputation que l’on prête à Wouter Beke (CD&V) depuis que le coronavirus a fait irruption dans les maisons de repos de Flandre et y inflige des pertes affreusement lourdes. Quand frappe une tragédie, c’est au ministre de tutelle de prendre les coups. D’être accusé de quasiment tout : ici, d’avoir mal mesuré l’ampleur du mal, de s’être remué trop tardivement puis d’avoir réagi maladroitement, de trop peu recourir aux experts, de faillir dans sa communication. Et tout cela alors qu’avant même le début de l’épidémie, son passif était déjà chargé : le 5 mars encore, 9 000 personnes du secteur de la santé manifestaient devant son cabinet pour réclamer davantage de moyens au lieu des économies programmées. Wouter Beke ou la chronique d’une catastrophe prévisible ?

L’homme ne reste pas sans réaction. A celles et ceux qui, au parlement flamand, l’ont copieusement assailli de questions, allumé pour son manque de sense of urgency et pressé de se ressaisir, il a annoncé la mise en route d’un plan de  » guerre totale  » contre le virus. Plus de personnel, plus d’équipements de protection, plus de tests, beaucoup d’argent pour intensifier la lutte. Sauf que quatre mois après le début du lockdown dans les maisons de soins, la riposte paraît bien tardive. De toute façon insuffisante pour faire oublier que le mal est déjà fait. Trop timide pour désamorcer la colère qui enfle sur le terrain et dissiper l’impression de chaos et même d’abandon ressentie dans le secteur.

Non, Wouter, t’es quand même pas tout seul. Le ministre peut toujours compter sur le soutien des siens. De son autre famille, le CD&V, qu’il plonge au passage dans l’embarras en se mettant à dos un secteur – 807 résidences, 80 000 pensionnaires, 61 000 travailleurs – à l’ancrage historiquement chrétien. Le partenaire N-VA compatit aussi, le ministre-président Jan Jambon (N-VA) a même donné de la voix pour prendre la défense de son ministre malmené. Le parti de De Wever, dans un courrier interne relevé par le site Doorbraak, appelle d’ailleurs à la retenue ses mandataires locaux, en première ligne et parfois très remontés contre la gestion façon Wouter Beke. Il faut veiller à ne pas éclabousser le gouvernement flamand en épargnant son maillon faible. Ce n’est pas le moment de tirer sur l’ambulance. Pas encore ?

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