Le commerce wavrien à la reconquête du terrain perdu
Depuis près d’un an, le centre-ville a entamé sa mutation et des résultats sont déjà observables. De quoi retrouver le lustre d’un passé commercial (très) lointain ?
Réputée depuis le Moyen-Age pour la vivacité et la qualité de son commerce, la cité du Maca a vécu sur cette image florissante pendant des années, sans réellement la renouveler. Tombola gratuite, braderie annuelle et foire commerciale représentaient encore l’âge d’or du commerce wavrien dans les années 1990. Aujourd’hui, il fait pâle figure. Wavre a beau rester très accessible par la route et le train, elle a beau jouir d’une ambiance aussi chaleureuse que villageoise, elle cumule plusieurs défauts.
» Contrairement à l’Esplanade de Louvain-la-Neuve, le parking est compliqué à Wavre, reconnaît Luc D’Hondt, président des FDF locaux. En outre, certains commerçants n’évoluent pas au rythme de leur nouvelle clientèle, alors qu’ils devraient prendre en compte leurs attentes, leurs besoins et leur budget « , complète le conseiller provincial. Fermer boutique le lundi ou dès 18 heures en semaine conduit en effet le chaland à déserter le centre-ville et à fréquenter les shoppings situés en périphérie.
En février dernier, l’association AMCV (Aménagement du management de centre-ville) qualifiait le centre-ville de Wavre de » dynamique « , au même titre que celui de Waterloo et de Louvain-la-Neuve. Douzième au palmarès du dynamisme en Région wallonne, la commune compte une densité commerciale de 71,8 % et un taux de cellules vides de 13,5 %. Un dernier chiffre inférieur à la moyenne régionale (14,6 %) mais tout de même conséquent, Wavre étant la seule commune de la province où les commerces dans le centre ont diminué ces cinq dernières années.
Christophe Dossogne, commerçant chez Design&Immo, observe que » les petits commerces situés dans les rues secondaires (rues Charles Sambon, des Brasseries, des Fontaines…) ont beaucoup de mal « . Il y a quelques mois, Pierre Francis, directeur de l’AMCV, avait résumé la situation par ces mots : » Les feux sont à l’orange à Wavre. » Un constat partagé par Cédric Mortier, membre du PS local : » Il est fini le temps où Wavre était le point fort du Brabant, hyper dominant. Aujourd’hui le commerce wavrien a largement perdu du terrain. »
Pour éviter de passer en zone rouge, les acteurs locaux se mobilisent et réfléchissent à de nouvelles initiatives. Depuis un peu plus d’un an, la cité du Maca a entamé sa mue, affirme Emile Delvaux, président de l’association des commerçants. » L’étude réalisée par l’AMCV il y a deux ans est obsolète, lâche ce pensionné. De bonnes initiatives comme les afterworks ou l’e-commerce ont été lancées par Françoise Pigeolet (LB), l’échevine du commerce. Ce sont des actions qui prendront du temps à se développer. Or, on sait bien que les commerçants réfléchissent souvent avec leur tiroir-caisse et attendent des résultats sur le court terme. »
Renouveau urbain et commercial
» Des changements arrivent d’un peu partout, poursuit-il : du côté de la nouvelle équipe de la gestion du centre-ville ; de certains commerçants qui ont décidé d’ouvrir leur magasin le lundi après-midi ; de quelques propriétaires qui louent les étages des rez-de-chaussée commerciaux et, enfin, des politiques qui essaient de développer de nouvelles choses. Alors que l’ancien bourgmestre Charles Aubecq gérait le centre de manière financière, son successeur Charles Michel tente d’y installer un renouveau urbain, qui est à l’origine de ce renouveau commercial. »
Malgré sa convivialité et son commerce spécialisé, Wavre a souffert de l’arrivée de l’Esplanade, le centre commercial implanté à Louvain-la-Neuve en 2005 et qui sera étendu d’ici à 2016. » En 2008-2009, nous avons ensuite subi la crise, comme tout le monde. » Mais, selon notre interlocuteur, Wavre semble peu à peu sortir la tête de l’eau. » Le commerce met du temps à repartir et on sent seulement cette année qu’il y a comme une sorte de nouveau départ « , poursuit Emile Delvaux.
Plus que de vouloir concurrencer la cité universitaire, Wavre tente actuellement de définir sa propre identité commerciale. D’après Marie Helen Alefe Fiouris, gestionnaire centre-ville à Wavre, » il serait judicieux de renforcer et de soutenir la qualité du type de commerces existants car c’est cette diversité qui fait le cachet du centre urbain. »
Dans une récente interview accordée à Sudpresse, Charles Michel ne cachait pas son envie de transformer » son » territoire en un havre pour piétons. » Je souhaiterais que le centre de Wavre soit de plus en plus piétonnier, avec des parkings en périphérie immédiate du centre qui permettront d’y circuler à pied ou à vélo. » A travers ces mots, c’est » Wavre 2030 » qui transparaît. Ce guide urbanistique et environnemental du centre-ville a été réalisé et présenté par le bureau d’études Agora en juin 2012. » L’idée n’est pas d’exclure la voiture du centre-ville, mais de diminuer la pression automobile, de manière à pouvoir faire du lèche-vitrines dans un cadre plus agréable « , précise Serge Peeters, directeur de la société.
Si un tel projet n’est donc pas pour demain, le conseil communal a pris les devants. » En juin dernier, nous avons approuvé un schéma de développement commercial. Le marché public sera lancé dans les semaines à venir « , indique Cécile Pigeolet, première échevine libérale. Une démarche qui » nous guidera dans nos choix urbanistiques et nous permettra de faire face de manière efficace et objective aux défis que doit affronter notre commerce local. »
En vue de se positionner face aux pôles économiques voisins, la ville tente de renforcer l’attractivité de son coeur. A court terme, un projet immobilier à nature commerciale verra le jour sur le parking des Carabiniers et la place des Fontaines. Il prévoit notamment » la réhabilitation de la galerie des Carmes et permettra de pallier le déficit actuel de surfaces commerciales d’une certaine importance, lequel constitue un frein à l’accueil d’enseignes phares « , poursuit notre interlocutrice (voir page 110).
Au-delà de l’accueil de grandes enseignes, l’embellissement du centre-ville (harmonisation du mobilier urbain, des enseignes commerçantes…), le développement des espaces piétonniers et des terrasses, la propreté ainsi que l’organisation d’animations culturelles et festives figurent parmi les priorités de la majorité pour parvenir à attirer et drainer les chalands. Reste à savoir si cela sera suffisant pour renverser la vapeur.
Annabelle Duaut
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