Le combat continue

Bamako-Charleroi avec escale à Paris. C’est à plus de 4000 kilomètres de chez lui que le Malien est en train de trouver son bonheur. Avec quatre buts inscrits depuis le début des PO1, l’ancien attaquant du PSG semble avoir trouvé son rythme de croisière au Mambourg.

Le dimanche à Bamako, c’est le jour de mariage chantent les artistes maliens Amadou & Mariam. À Charleroi, en cette fin de saison, les week-ends sont plutôt synonymes de play-offs 1 et c’est un autre Malien qui s’illustre ces derniers temps. Avec déjà quatre buts inscrits dans cette phase finale du championnat, Kalifa Coulibaly a su saisir la chance que lui a offert Felice Mazzu. Si on ajoute son assist de la tête pour Neeskens Kebano dans les arrêts de jeu de la rencontre face à Gand au Mambourg, on constate que le longiligne attaquant africain est impliqué dans un peu moins de la moitié des buts des Zèbres en PO1. Mieux encore, en termes de buts inscrits par minutes jouées (4 buts en 505 minutes soit un goal toutes les 126 minutes), seuls le Standardman Geoffrey Mujangi-Bia (1 but toutes les 120 minutes)fait mieux que lui après la huitième journée.

Un scénario peu prévisible vu le début de saison de ce géant d’1m97. Longtemps confiné au banc, voire même parfois à une place en tribune, Coulibaly a, dans un premier temps, dû se contenter des quelques minutes en fin de partie que lui offrait le staff carolo.

De Bamako à Paris

Né à Bamako le 21 août 1991, c’est à l’AS Real, l’un des trois grands clubs maliens avec Djoliba et le Stade Malien qu’évolue Kalifa durant sa jeunesse. Vainqueur de la Coupe du Mali avec le club de la capitale, il y est repéré par le Paris Saint-Germain, séduit par sa vitesse et sa taille (il ne mesurait pourtant alors  » que  » 1m92). A 18 ans, le Malien n’imagine pas une seconde laisser le train passer et s’engage pour 3 ans et demi en faveur du club francilien. Sage décision. Alors qu’il termine la saison en Afrique, il se fait découper par un adversaire et est sérieusement touché aux ligaments de la cheville. Loin de le laisser tomber, les Parisiens l’embarquent en France pour se faire soigner.  » Je suis arrivé en plein hiver « , se souvient Kalifa.  » Je voyais de la neige pour la première fois. Ça a été très compliqué durant les premiers mois : je devais m’habituer à la manière de vivre des Français, j’étais loin de ma famille et en plus je ne jouais pas « .

Rétabli courant 2011, il dispute alors ses premières minutes avec l’équipe CFA du PSG qui compte en ses rangs des joueurs comme Alphonse Areola (Bastia), Loïck Landre (Lens), Alassane També (Genoa, ex-Courtrai) ou encore un certain Kebano.  » A l’époque, je m’entraînais avec le noyau pro mais je jouais souvent les matches avec la CFA « , se rappelle le récent Soulier d’Ebène.  » Kalifa était déjà grand et costaud dans les duels mais il a énormément progressé depuis lors. Surtout devant le but et dans sa conservation de balle « .

International U20, il dispute la CAN junior avec le Mali (2 buts à la clé) puis poursuit avec la Coupe du Monde U20 avant de rentrer au PSG où il enchaîne trois saisons complètes en CFA. Après avoir pris ses marques lors de la première, il s’éclate lors des deux années suivantes et claque respectivement 12 puis 14 goals, ce qui fait de lui le meilleur buteur de la série. S’il s’entraîne régulièrement avec l’équipe A, Coulibaly ne dispute pas la moindre minute de match officiel.  » J’ai pris place sur le banc à une seule reprise, quand Antoine Kombouaré était encore entraîneur. Comme cela a aussi été le cas avec Kebano, l’arrivée des Qataris a quelque peu plombé mes ambitions. Mais, plus tard, je pourrai dire que je me suis entraîné avec un gars comme Ibrahimovic, qui m’a donné quelques conseils et qui était bien sympa « , confiait-il récemment au quotidien Le Soir.

Bosseur

Arrivé libre à Charleroi en début de saison, le Malien avait été repéré par les scouts hennuyers alors que ceux-ci visionnaient Kebano quelques mois plus tôt.  » On m’a demandé ce que je pensais de lui et je l’ai recommandé « , explique Neeskens.  » Après, je n’ai plus eu de nouvelles jusqu’au jour où je suis tombé sur lui en quittant le stade après un entraînement. J’étais surpris de le voir là et on a bien rigolé. Dans la vie de tous les jours, c’est un gars simple, qui ne se prend pas la tête. Il est très casanier, il ne sort quasiment pas de chez lui. Ou alors pour venir chez moi puisqu’on est voisin. On passe pas mal de temps ensemble en dehors des terrains « .

Sous contrat jusqu’en 2016 (+2 ans en option), l’adaptation de Coulibaly au football belge ne s’est pas faite sans heurts. Lacunes tactiques et techniques, maladresse devant le but, ses premières entrées au jeu sont insuffisantes mais le numéro 26 carolo est un bosseur.  » C’est un joueur très généreux, parfois trop « , pointe Alex Teklak, consultant RTBF et Proximus.  » Il compense ses limites techniques par un gros engagement qui lui a d’ailleurs déjà valu quelques cartes jaunes. Ça pourrait être un problème s’il joue sur une longue période. Cela dit, il pèse énormément sur une défense, il est très grand et va au combat dans les airs. Il se débrouille assez bien dans le give and go, il vient et repart de suite même s’il a encore du boulot au niveau des lignes de course. Pour sa taille, son jeu de tête offensif n’est pas encore suffisant et, de manière générale, il commet trop de fautes techniques. Cela dit, il est encore jeune. Jan Koller avait aussi des soucis techniques à son arrivée en Belgique. On apprend tous les jours « .

4e choix

Alors qu’il n’était que le quatrième choix aux avant-postes derrière Cédric Fauré, Lynel Kitambala et Giuseppe Rossini en début d’exercice, il fait figure de numéro un depuis quelques rencontres.  » Il est dans une période euphorique, tout lui réussit « , estime Teklak.  » Charleroi mise sur une récupération du ballon collective dans ces play-offs et il convient mieux à ce jeu que Fauré qui est un homme de rectangle. Coulibaly est plus à même de prendre la profondeur, de jouer en contre-attaque. Je pense néanmoins qu’il est encore un peu court pour être titulaire à part entière la saison prochaine. Il a pris de la bouteille, sera utile si Mazzu veut de la taille et miser sur le power-play mais Charleroi aura besoin d’un avant qui joue plus juste « . Un pion manquant qui pourrait être Florent Stevance. Auteur de 17 buts pour Seraing United en D2, le Français a signé pour deux ans. Pour Coulibaly, le combat continue.

PAR JULES MONNIER – PHOTO : BELGAIMAGE

 » Coulibaly pèse sur une défense mais il y a encore trop de déchets dans son jeu.  » Alex Teklak

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