L’art contemporain se joue forcément de nous ! Faux.

Art comptant pour rien ! Voilà la formule désignant l’incroyable capharnaüm d’ouvres complètement déjantées que porte en son sein l’art contemporain. Entre incompréhension et aberration, le grand public est souvent partagé.

Mais que reproche-t-on au juste à l’art contemporain ? Ici, une composition liant une laitue fraîche à deux blocs de granit, plus loin ce qui ressemble à un vulgaire amas de bonbons. Au final, le grand public n’y comprend plus rien ! Pourtant, à côté de ce qui nous paraît être de simples canul’art [sic], d’excellents artistes exercent aujourd’hui, des talents se révèlent, de grandes £uvres voient le jour.

Etape 1 : la rupture. C’est indéniable : l’art du XXe siècle marque une rupture. Bien qu’elles soient issues d’une volonté créative, certaines £uvres n’ont plus rien d’artistique. Ce premier constat est étroitement lié à l’évolution des techniques et des matières employées. Mais pas seulement. Projeter, lacérer, broyer, déchirer sont autant de nouvelles manières de faire qui se rapprochent plus de la destruction que de la création.

Etape 2 : la provoc’. Un versant de l’art actuel se veut choquant et le revendique (un critère subjectif par excellence). Audaces et outrances se sont banalisées, tous les tabous sont levés : la vie, la mort, le corps, le sexe, la religion. Le pauvre cadavre d’un cheval suspendu à un haut plafond, un chien qu’on laisse mourir de faim… L’heure est tristement à la surenchère. Pourtant, les spécialistes le crient haut et fort : si l’on arrive à dépasser cette première lecture, parfois rebutante, on remarque que les £uvres s’inscrivent dans une démarche de sens, dans un contexte sociologique et culturel plus large.

Etape 3 : la réflexion. Aujourd’hui, les travaux sont jugés sur leur capacité à faire réfléchir et à bousculer le spectateur. Que notre attitude soit enthousiaste ou dégoûtée, l’art contemporain ne nous laisse pas dans l’indifférence : il nous déconcerte, nous oblige à sortir de notre confortable routine intellectuelle. Aussi, en marge de ce travail de réflexion, nous devons faire face à  » l’épreuve du vide  » : l’absence de repères vis-à-vis d’une £uvre contemporaine. Nous voulons tout comprendre d’un seul coup, tout de suite et sans effort. Or il faudrait être capable de profiter des choses dont on ne saisit pas les mécanismes.

Chaque époque a connu son  » art contemporain  » devant lequel le public, dérouté, s’interrogeait. Faute d’un recul suffisant, il est dès lors normal de ne pas comprendre toute la production actuelle. Nous la recevons à l’état brut, dans sa forme la plus énigmatique. Et c’est souvent la mise en perspective qui est éclairante. Laissons à l’histoire de l’art le temps de faire le tri entre véritables créations plastiques et viles  » fumisteries « .

GWENNAËLLE GRIBAUMONT

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