L’après-attentats

Comme la plupart des Belges, j’ai été profondément affectée par les attentats de Bruxelles, qui occupent depuis mes pensées. Pas tant à cause de la peur, mais par manque de vision claire. […] Etant arrivée en Belgique en tant qu’immigrée il y a bien longtemps, et ayant moi-même fait le parcours d’intégration, j’apprécie particulièrement la chance qui m’a été donnée, et suis reconnaissante à notre petit royaume de m’avoir accueillie. […] J’ai donc beaucoup lu les commentaires des uns et des autres, les articles, les analyses. Et une chose m’a frappée : il existe deux pôles d’opinion contradictoires en Belgique.

D’une part, les candides, qui prônent l’ouverture, l’acceptation et l’amour envers la population de confession musulmane. Ces personnes soulignent que la haine n’engendre que la haine et que seul l’amour peut la combattre. Elles ont aussi parfaitement raison lorsqu’elles disent que le fait de verser dans la suspicion et la méfiance va engendrer la rupture de la société, qui est justement souhaitée par les terroristes. D’autre part, les méfiants, qui insistent sur le fait avéré que ce terrorisme se revendique de l’islam, ce qui indique que ce dernier n’est pas vraiment compatible avec nos valeurs démocratiques. Donc, il faut que les populations belges musulmanes remettent en question leur religion pour s’intégrer. […]

Mon esprit dichotomique était enfermé dans l’opposition entre les deux contraires, sans trouver la sortie, jusqu’à ce que je comprenne qu’il faut choisir le chemin du milieu. […] D’une part, nous devons être ouvert et curieux, respecter l’islam et la communauté musulmane et mieux la comprendre, mettre en lumière les éléments qui prouvent que l’islam peut être une religion compatible avec nos valeurs. […] D’autre part, nous devons affirmer nos valeurs démocratiques sans compromis : le respect de nos lois, la laïcité d’Etat, la liberté d’opinion et de religion, le refus de la violence et l’égalité homme-femme ne doivent pas être soumis à du  » politiquement correct « , ni subir des arrangements raisonnables. Le fait de les accepter doit être une condition sine qua non pour faire partie de notre société.

La gentillesse sans réflexion peut être néfaste et finalement nuire à celui au profit duquel elle s’exerce. Le raisonnement sans empathie conduit à l’égoïsme et à l’opposition de ses propres intérêts avec les intérêts de l’autre. Si notre motivation est la construction de la meilleure société pour tous, sans exclusion, nous pouvons poser des actes fermes et ils seront acceptés.

Il n’est pas donné suite aux lettres ouvertes ou portant des adresses incomplètes. La rédaction raccourcit certaines lettres pour permettre un maximum d’opinions.

Ada Sekirin, par courriel

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