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L’appareil dentaire

Le Vif

Observez-les, nos ados. Combien d’entre eux portent un appareil orthodontique, ces plaquettes collées sur les dents, reliées par un fil de fer, le tout emballé par une ligature en plastique joignant le fil à la plaquette? Aujourd’hui, près de 40% en Wallonie (35% à Bruxelles), et de plus en plus tôt. Il faut le porter deux, voire trois ans. Ça tire, ça fait mal! Pas de pommes ni de bonbons, c’est interdit, parce que cela risque de briser une plaquette, qu’il faut alors remplacer. Là, c’est cher, très cher. Un traitement coûte de 2 500 euros à 5 000 euros. On pose un appareil pour deux raisons surtout: le défaut de place et le décalage des mâchoires. Ce n’est pas que la dentition des jeunes soit pire. C’est qu’il y a là un caractère évolutif. En effet, de plus en plus d’entre eux manquent d’espaces dentaires. Les parents, les médecins, les pédiatres consultent aussi plus tôt. Le boom date ainsi du début des années 1990. Le hic? Si les enfants et les ados sont plus nombreux à être appareillés, les orthodontistes, eux, le sont de moins en moins. Ils sont cinq cents en Belgique, dont la moitié pratique en région francophone. Ce n’est pas assez. Ça frôle la pénurie. D’abord parce qu’ils sont davantage sollicités, pas uniquement par des parents éventuellement à la recherche d’un sourire parfait et de dents blanches, très blanches, mais également par des adultes. Depuis la crise sanitaire, ceux-ci seraient encore plus nombreux à s’adresser à un orthodontiste. Ensuite, beaucoup de professionnels vont quitter la spécialité. Un tiers au cours de la décennie, selon les projections. Résultat: les praticiens juniors ne sont pas assez nombreux pour compenser ces départs. Car le filtre, le numerus clausus, a restreint l’entrée dans la profession. D’ailleurs, former un dentiste spécialisé en orthodontie, c’est difficile et, surtout, très long. Le cursus s’étale sur cinq ans, auquel il faut ajouter quatre années de spécialisation. Il en sortira sept par an d’ici à 2027. Ce n’est pas suffisant. Selon les professionnels, il en faudrait au moins le double. Cette pénurie entraîne des délais d’attente qui gonflent, ici, six mois, là, jusqu’à un an, parfois un an et demi. Un temps trop long, mais aussi des tarifs impayables – en raison des remboursements insuffisants des prestations orthodontiques – pour de plus en plus de personnes, qui se tournent alors vers des formules moins coûteuses à l’étranger. Ou, signe des temps, sur Internet.

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