La région n’a pas les faveurs des Bruxellois

La zone Wavre-Ottignies-LLN plaît plus aux investisseurs qu’aux  » gens de la capitale « , qui lui préfèrent le flanc ouest du Brabant wallon.

On aurait pu croire que la crise allait avoir comme effet de rétrécir  » l’hinterland acquisitif  » des Bruxellois en mal de campagne. Qu’au lieu de pousser toujours plus loin pour trouver des biens adaptés à leur bourse, jusque Gembloux et au-delà, ils allaient resserrer leurs prétentions à la région de Wavre, Ottignies et Louvain-la-Neuve, par exemple. C’est, du moins, ce que soutiennent certains observateurs du marché immobilier.

Sur le terrain, les échos ne sont pas les mêmes.  » Les Bruxellois quittent la capitale pour deux raisons, assure Thomas Mesmin, de l’agence Cap Sud Wavre. Pour s’offrir une maison avec jardin ; et ils visent alors Rixensart, Waterloo, La Hulpe, Genval, Braine-l’Alleud et consorts. Ou pour vivre carrément à la campagne. Ils prennent alors la direction de Chaumont-Gistoux, Walhain, Court-Saint-Etienne, etc., et sont prêts à faire les concessions qui s’imposent, tant en ce qui concerne la scolarité de leurs enfants, que, parfois, leur carrière professionnelle.  » Étonnamment, d’après le courtier, Wavre n’est pas dans leurs faveurs. Pas plus qu’Ottignies, d’ailleurs. Toutes deux semblent représenter une barrière aux yeux des Bruxellois, qui n’hésitent pas, par ailleurs, à investir les communes néerlandophones de la périphérie. Tandis que, de l’autre côté de la frontière linguistique, leurs préférences vont immanquablement à l’ouest du Brabant wallon.  » Pourtant, que l’on soit une ou deux sorties d’autoroute plus loin ne change rien, les bouchons sont à l’arrivée à Bruxelles, pas avant, argue Thomas Mesmin. C’est, je pense, avant tout une question de réputation, car ce ne sont pas les chouettes quartiers qui manquent à Wavre ! C’est à nous de faire le travail et les faire découvrir à nos clients.  »

Un marché d’acquéreurs

S’il est, toutefois, un public qui n’a pas attendu qu’on vienne le chercher pour profiter des bienfaits de la région, c’est celui des… investisseurs. Qui affectionnent Louvain-la-Neuve, micro-marché doré par excellence (voir encadré), mais aussi ses voisines.  » Avec les gros problèmes d’accès au crédit que l’on connaît, beaucoup sont des petits particuliers, qui financent la plus grosse partie de la mise, voire parfois la totalité, sur fonds propres « , précise le courtier. Et, de ce fait, achètent petit : des maisons ouvrières et de rangée modestes, entre 150 000 et 250 000 euros, ou des appartements deux chambres, entre 180 et plus de 200 000 euros, suivant leur âge et leur état général.  » L’immobilier n’est pas donné, à Wavre, mais, du coup, le marché pratique les mêmes tranches de loyers qu’à Bruxelles : 500 euros par mois pour un studio, 600 à 650 pour un appartement une chambre, 700 à 750 pour un deux chambres et 1000 pour une maisonnette « , ponctue Thomas Mesmin. Soit un rendement de quelque 3, voire 3,5 % à l’année,  » et jusqu’à 5 % pour les appartements… mais c’est déjà beaucoup « .

A Ottignies, le constat est le même. Et les investisseurs lorgnent tout particulièrement sur la zone du Douaire, où convergent tous les appétits. Il faut dire que le centre commercial ottintois est entouré d’une concentration de résidences à appartements, enfilées sur un terrain plane à 250 mètres à la ronde.  » Elles sont prises d’assaut par des candidats-acquéreurs ou locataires arrivés à l’âge de la pension, qui quittent leur grande maison pour s’installer dans un espace plus petit, à côté des services et commerces « , souligne Alexandre Crochet, de l’agence Brabimo. Résultat, le succès du Douaire est tel que l’offre ne suffit pas à contenter la demande.  » Pour preuve, l’une des dernières promotions construites s’est écoulée à 85 % sur plans !  » Avec les effets que l’on sait en termes de prix,  » un appartement deux chambres valant parfois autant qu’une maison 3-chambres dans une zone plus reculée « .

Cet engouement et la crise ambiante ont malgré tout un effet pervers.  » Il y a beaucoup d’investisseurs, mais il y a tellement de biens de même type, par exemple les petites maisons ouvrières wavriennes, que les candidats à l’acquisition ne sont pas pressés, reprend Thomas Mesmin. Ils prennent le temps d’étudier le marché et d’attendre le bien qui leur convient le mieux, aux conditions qui sont les leurs.  » Il n’y a d’ailleurs pas que les investisseurs qui font les difficiles : ceux qui achètent pour y résider leur emboîtent le pas. C’est, en effet, le propre d’un marché où ce n’est plus le vendeur qui fait la loi, mais bien l’acquéreur.  » Notre portefeuille grossit de plus en plus parce que cela ne suit pas à la sortie, déplore encore le courtier wavrien. Les candidats-vendeurs passent d’agence en agence, comme si l’explication venait de la façon dont elles travaillent, mais on est tous logés à la même enseigne !  » Son pronostic pour l’avenir ?  » Des prix qui baissent d’ici à un an tout au plus, les propriétaires devant se résoudre à rencontrer les exigences des acquéreurs.  » Un constat qui frappe depuis quelque deux ans les villas cossues brabançonnes et qui, maintenant, s’applique également aux petits biens, même si ceux-ci sont autrement plus abordables. De quoi, peut-être, motiver les candidats-acquéreurs bruxellois à changer leurs habitudes et… faire de bonnes affaires.

Frédérique Masquelier

Le désintérêt pour Wavre  » est avant tout une question de réputation car ce ne sont pas les chouettes quartiers qui manquent  »

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