La plus grande élection du monde

670 millions d’Indiens sont appelés à voter depuis le 20 avril. Une campagne sous le signe de la démesure

De notre correspondant

Quand la plus grande démocratie du monde se rend aux urnes, les problèmes logistiques relèvent du cauchemar : 670 millions d’électeurs, 700 000 bureaux de vote, un scrutin qui s’étale sur trois semaines et pour lequel 4 millions de fonctionnaires ont été mobilisésà Le dénouement déterminera le sort d’un sixième de la population mondiale pendant les cinq prochaines années.

Provoquées avec six mois d’avance par le Premier ministre, Atal Bihari Vajpayee, les élections sont dominées par les questions économiques. Le Parti du peuple indien (parti nationaliste hindouiste), BJP, compte sur la bonne conjoncture actuelle pour se faire réélire. Un objectif à sa portée, étant donné la faiblesse de l’opposition, menée par le parti du Congrès de Sonia Gandhi. Reste que la campagne a été haute en couleur.

Distribution de vêtements et de nourriture, promesses farfelues, alliances contre nature : les politiques indiens ne reculent devant rien à l’approche d’un scrutin. Ainsi le BJP promet-il de faire de l’Inde une  » grande puissance  » d’ici à 2020, bien que le mandat en jeu s’achève en 2009. Une formation socialiste a été jusqu’à proposer de changer le nom du pays. Quant au Congrès, il jure de créer 10 millions d’emplois par an en cas de victoire. Enfin, tous les mouvements qui en ont les ou quatre fois par jour, il apparaissait sur une plate-forme installée au sommet du véhicule, d’où il prêchait la bonne parole.

Pour l’opposition, la campagne aura été dominée par l’entrée en scène de la quatrième génération Gandhi. Fils de Rajiv, petit-fils d’Indira et arrière-petit-fils de Nehru, tous Premiers ministres, Rahul Gandhi, 33 ans, s’est en effet lancé dans la vie électorale. Et sa petite s£ur, Priyanka, s’est largement investie dans la campagne.

De quoi susciter l’enthousiasme des foules nostalgiques de la  » grande époque  » du Congrès. De quoi, aussi, clouer le bec au BJP et à ses alliés, qui ne manquent pas une occasion de souligner les  » origines étrangères  » de leur mère, Sonia, née italienne avant d’épouser Rajiv Gandhi. Partie intégrante de la vie politique indienne, les attaques personnelles et autres coups bas avaient tendance à se multiplier à la veille des élections. A tel point que la Cour suprême est intervenue, début avril, pour proposer d’interdire les  » calomnies  » pendant la campagne. La trêve des urnes, en quelque sorte.

Pierre Prakash

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