La musique de chambre en fête

Barbara Witkowska Journaliste

La Monnaie développe son offre musicale avec les Concertini. Tous les vendredis midi, le Grand Foyer devient une vitrine festive pour attirer un nouveau public. Et cela marche plutôt bien.

C’est Gérard Mortier qui a lancé l’idée des Concertini, en proposant aux musiciens de l’orchestre de La Monnaie de jouer de la musique de chambre, la veille de chaque week-end, à la pause déjeuner, pendant quarante-cinq minutes.  » Peter de Caluwe, actuel directeur général de la maison, a affiné ce concept, explique la programmatrice Marie Merjeay. Désormais, les Concertini tissent des liens entre la programmation globale de La Monnaie, à savoir les opéras, les concerts et les récitals, et la musique de chambre. Les concerts ont lieu dans la très belle salle du Grand Foyer. La formule est accessible et conviviale, très proche des gens. On peut venir à l’opéra sans « s’habiller ». De surcroît, un partenariat avec la Ville de Bruxelles nous permet de retransmettre les concerts sur la place de La Monnaie.  »

Environ 25 musiciens de l’orchestre participent aux Concertini. Les chefs de pupitre de toutes les sections forment, en fonction des programmes, des ensembles à géométrie variable : trios, quatuors, quintettes, voire octuors.  » Pour nous, c’est génial, car on a l’occasion de pratiquer ailleurs qu’au sein de l’orchestre et de toucher à un répertoire immense, s’enthousiasme Yves Cortvriendt, alto solo de l’orchestre. Certes, c’est un grand investissement, il faut fournir un travail énorme pour un seul concert, mais cela fait partie du jeu, on le sait. Il s’agit chaque fois de défis, c’est l’occasion de bien cultiver son potentiel. Les Concertini développent une cohésion et une meilleure connaissance entre nous, nous maintiennent en forme et nous font progresser. Se produire en musique de chambre fait partie de la recherche de l’excellence.  »

L’autre bonne nouvelle ? Les musiciens peuvent proposer des concerts, interpréter des oeuvres peu connues et contribuer à la redécouverte de pages oubliées du répertoire. Ce qui est arrivé avec Albert Huybrechts, par exemple, compositeur wallon originaire de Dinant (1899-1938) et injustement oublié.  » Nous avons joué sa musique de chambre sur plusieurs saisons, notamment le Concertino pour violoncelle et piano, enchaîne Sébastien Walnier, premier violoncelle de l’orchestre de La Monnaie. La redécouverte de ces oeuvres où se reflètent les riches inspirations du compositeur a donné lieu à l’enregistrement d’un double CD paru chez Cyprès.  » Dans la foulée, le dynamique label belge poursuit son intégrale de la musique d’Albert Huybrechts avec trois CD à venir. Et le réalisateur belge Joachim Thôme vient de consacrer au compositeur un beau documentaire, S’enfuir, qui sera proposé à Flagey du 7 au 28 novembre.

La programmation 2014-2015 des Concertini met à l’honneur la musique de chambre de Mozart, Haendel, Wolfgang Rihm et Pascal Dusapin, en lien avec les opéras de la saison. Le point fort ? Il y aura beaucoup de Franz Schubert, alors que le compositeur viennois est quasi absent à l’opéra. Le seul de ses opéras qu’on joue encore aujourd’hui est Fierrabras (donné à La Monnaie en version concertante en janvier 2015). Au programme des Concertini, il y aura le Quintette à cordes, le Quatuor » Rosamunde «  et l’Octuor pour cordes et vents. Un bonheur pour tous ceux qui aiment Schubert !

Concertini, tous les vendredis midi, à 12 h 30, d’octobre à mai, au Grand Foyer de La Monnaie, à Bruxelles. www.lamonnaie.be

Barbara Witkowska

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