La métamorphose numérique

Olivier Van Vaerenbergh
Olivier Van Vaerenbergh Journaliste livres & BD

Encore très marginal, le livre électronique est néanmoins déjà une réalité qui compte dans le monde de l’édition.

Les vacances des prophètes du numérique n’auront pas duré longtemps. Pendant dix ans, ils ont annoncé la révolution de l’industrie musicale – qui est effectivement arrivée et est toujours en cours. Voilà maintenant que commence une nouvelle décennie de prédictions: c’est cette fois l’industrie du livre qui entame son grand Big Bang! Qu’on se le dise, 2010 sera l’année du livre numérique ou ne sera pas, en tout cas en termes de communication: on ne va parler que de ça, à défaut de les lire. Aux Etats-Unis, le marché du livre électronique représente aujourd’hui à peine 4 % des ventes – soit presque rien. En Europe, on frôle à peine le petit pour cent – autant dire rien. Pourtant, les prophètes s’affolent: les ventes aux Etats-Unis pourraient quintupler, l’offre exploser, le grand public enfin s’y mettre, l’été 2010 connaître une véritable e-book mania… Mais peut-être ont-ils raison. Car l’industrie du livre ne veut pas connaître le même cauchemar que son collègue du disque, et semble se mettre en ordre de marche, à tous les niveaux, ou presque, de sa chaîne de production. Les supports? Le Kindle d’Amazon et le Sony Reader commencent à faire leur trou. On annonce pour 2010 de nouveaux readers de plus en plus pratiques, de plus en plus ergonomiques: le Nook affiche ses ambitions, Fujitsu va s’y mettre et surtout, Apple semble enfin prêt à sortir sa  » i-Tablette « , désormais orientée vers la lisibilité. Les smartphones et l’iPhone multiplient eux les applications de lecture et de téléchargement, faisant de l’Internet mobile un nouveau support de lecture à part entière. L’offre? Elle s’étoffe elle aussi. Si l’offre francophone est encore famélique – 10 000 titres disponibles en version électronique – , les éditeurs multiplient les partenariats et les investissements. Barnes & Noble s’est lié avec Nook, Gallimard, La Martinière et Flammarion se sont associés pour mettre en place une plate-forme de distribution. Quant à l’ogre Google, qui numérise plus vite que son ombre malgré l’effroi des auteurs et des éditeurs quant à leurs droits, il devrait ouvrir son  » Google Editions « , fort de centaines de milliers de titres, lui aussi l’été prochain.

Les consommateurs? Ils semblent prêts, si le prix des supports se met enfin à baisser: certes, les jeunes adultes lisent de moins en moins, mais quand même plus que leurs aînés – selon une étude de  » Livres Hebdo « , ils sont 79 % à avoir lu au moins un livre cette année, contre 70 % pour l’ensemble de la population. Surtout, la mobilité fait désormais partie de leur m£urs.

Restent les auteurs… Or, là, la révolution semble se faire attendre (voir page 139). Et les prophètes semblent cette fois sans voix…

Olivier Van Vaerenbergh

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