La même écharpe, à chaque génération

La bourgmestre de Montigny-le-Tilleul s’appelle Véronique. Cornet, comme tous les bourgmestres de la ville depuis septante ans.

Véronique. Cornet, comme tous les bourgmestres

de la ville depuis septante ans.

Elle est née dans la foulée de mai 68. Tout un symbole pour celle qui n’a de cesse de clamer sa conception des choses. Trop, diront les détracteurs de l’actuelle bourgmestre. Mais, tradition familiale oblige, les Cornet ont toujours dû lutter pour faire entendre leurs mots bleus dans un paysage politique carolo où le rouge est la norme. Et cela fait trois générations que ça dure. Le premier Cornet à ouvrir le bal des mayeurs fut Clotaire, le grand-père, dans les années 1930. À une époque où les médecins étaient aussi rares que les communes sans charbonnage, le jeune diplômé de l’Université libre de Bruxelles décide de quitter Luttres-Liberchies pour exercer sa science à Montigny-le-Tilleul. Sur sa moto, il arpente sans relâche les rues de cette commune rurale lovée sur les hauteurs de Charleroi. Les nombreuses inégalités sociales entre  » Montagnards  » le frappent.

La hantise du grand Charleroi

Elections communales de 1938. Le Dr Cornet décide de s’engager sur le plan politique. A 32 ans, il s’empare du mayorat, sous la bannière libérale. Mais à peine entré en fonction, le fusil remplace l’écharpe. Le voilà parti comme volontaire de guerre en France. A son retour, en plein conflit, il transforme le parc de l’hôtel de Ville en potager afin de nourrir la population. Pour ses diverses actions de résistance, les rexistes le condamneront à mort. Mais en 1944, incapables d’exécuter leur sanction, les occupants brûleront la maison familiale.

Les hostilités terminées, l’homme est réélu. Dans la foulée, la société de logements sociaux  » Le Logis Montagnard  » est créée, en 1950. Le docteur devient bâtisseur et Montigny se métamorphose. Le village rural s’embourgeoise, la voirie s’améliore, les bâtiments fleurissent. De 1954 à 1971, Clotaire Cornet siège également au Parlement. La fusion des communes le fait revenir exclusivement à ses premières amours : pas question, pour lui, que Montigny-le-Tilleul soit intégré au grand Charleroi ! La victoire acquise à l’issue de ce dernier combat politique, Clotaire cède le flambeau à son fils Philippe. Nous sommes en 1976.

Le début de législature n’est pas rose pour le fiston. Son arrivée coïncide avec l’obligation faite aux communes d’assurer les coûts d’exploitation des hôpitaux publics situés sur leur territoire. Résultat : les comptes de la commune sont dans le rouge avant même qu’il prenne ses fonctions et le voilà contraint d’appliquer une politique budgétaire austère et sans concessions. Malgré cela, la rénovation de son fief lui tient à c£ur. En quatre mandats successifs, Philippe Cornet parvient à faire sortir de terre un foyer culturel, un bureau de poste et un hall omnisports.

Effrayée par cette politique qui lui vole un peu son père, Véronique Cornet se concentre sur sa licence en droit à l’ULB. Les neuf mois de galère et le stage Onem boiteux qui suivent l’obtention de son diplôme suffisent à lui donner envie de se battre pour que les choses changent. Finalement, en 1994, elle passe le concours pour le poste de receveur communal de Thuin et l’emporte. Rapidement, Jean Gol, alors président du PRL, lui fait signe. Elue comme suppléante de son mentor, Etienne Bertrand, à la Chambre, elle est propulsée sous les feux de la rampe au décès de ce dernier, en 1997.  » A l’époque, je n’ai pas osé refuser « , avoue-t-elle. La pratique l’affirme.

Avec le temps, Véronique Cornet relève également le défi communal : elle devient bourgmestre de Montigny-le-Tilleul en janvier 2001, tout en restant députée au Parlement wallon et au Parlement de la Communauté française. L’installation de son premier conseil communal aura d’ailleurs lieu au lendemain de la disparition de son grand-père, Clotaire.  » Je suis soulagé « , furent les derniers mots de son aïeul.

Hu.P.

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