La hotte des libraires

Voici, à mettre sous le sapin, notre sélection de très beaux ouvrages, plaisirs pour les yeux et l’esprit. A offrir ou à s’offrir

L’Art nouveau en Europesous la direction de Paul Greenhalg, La Renaissance du Livre, 464 p.

Explosions végétales, courbes lascives, jeux de lumière, mélange de sacré et de profane, ode à la nature… De l’architecture au mobilier, de la joaillerie au textile, du verre à la céramique, l’Art nouveau a marqué le passage du XIXe au XXe siècle par son imaginaire aussi débridé que rigoureux. Cette inventivité jaillissante, née vers 1890, va être stoppée net par la guerre de 1914-1918. Mais elle aura laissé une marque indélébile signée Horta, Serrurier-Bovy, Gallé, Guimard, Gaudi, Mucha, Sullivan… Cette floraison brève mais intense, qui traverse l’Europe de Bruxelles à Prague, et même l’Atlantique (« Tiffany style ») produit des pièces uniques, que l’on redécouvrira parfois trop tard – la politique culturelle de la Belgique aura été, à cet égard, tristement médiocre. Enfin reconnu pour la place déterminante qu’il a prise dans l’histoire culturelle, l’Art nouveau méritait vraiment ce nouvel ouvrage de référence, traduction française du catalogue, publié il y a deux ans, à l’occasion d’une éblouissante exposition du Victoria and Albert Museum de Londres. St.R.

Eros et Psyché par Sonia Cavicchioli, Flammarion, 256 p.

L’histoire tumultueuse des amours de Psyché, une trop belle princesse, et d’Eros, le fils de Vénus envoyé par sa mère pour venger l’affront fait à sa réputation, est un véritable conte de fées, celui de « l’éternelle félicité de l’amour ». Or le texte d’Ovide fut, de tout temps, prétexte à peintures. Depuis la Rome antique jusqu’à Max Klinger, l’auteur présente et analyse ces mille et une façons de dire la passion et la jalousie… L’intégralité de la légende nous y prépare dans le premier chapitre.

Le peintre et son miroir … Regards Indiscrets, par France Borel, La Renaissance du Livre, 184 p.

« Dis-moi qui est la plus belle? »: le miroir est ici au centre d’un curieux voyage exploratoire, qui balise une histoire de l’art ainsi revisitée de manière originale. Que se passe-t-il entre cette image plate, qui renvoie un monde inversé, et le désir de l’artiste, qui traduit les légendes de toutes les Suzanne et autres Vénus? « Miroir, réfléchis pour moi, écrivait Jean Cocteau, je réfléchirai pour toi. »

Art et érotisme par Marco Bussagli et Stefano Zuffi, Citadelles & Mazenod, 304 p.

Les deux auteurs se partagent très judicieusement le travail d’approche de cette thématique. Le premier tisse un historique de la séduction et de son image véhiculée par les différentes époques depuis la Grèce ancienne. Le second s’attache à quelques aspects plus emblématiques de celle-ci, comme les thèmes du miroir, du bain ou encore de l’art du baiser.

Pompéi, la vie ensevelie sous la dir. de Filippo Coarelli, photographies d’Alfredo et Pio Foglia, Larousse, 408 p.

Pompéi reste un des sites archéologiques les plus visités au monde, et l’un des plus fascinants, tant par son extraordinaire richesse historique et artistique que par l’aspect humain de cette ville, que l’éruption du Vésuve a, en l’an 79 de l’ère chrétienne, brutalement figée dans son activité bourdonnante. Voici, enfin, écrite par des spécialistes de premier plan, une somme qui propose une vision exhaustive du site de la campagne napolitaine. Plus de 500 photographies et documents en couleur illustrent un texte clair et passionnant, qui aborde, certes, l’historique de la découverte du site et de ses fouilles, la description des styles et des édifices, mais aussi tous les aspects de la vie privée ou publique pompéienne. Nous voici promenés de thermes en lupanar, de boulangerie en villas, d’amphithéâtre en « fast-food » (les « thermopolia »: sortes de snack-bars spécialisés dans la vente rapide de plats chauds et de boissons), etc. Les inscriptions (comme cave canem, c’est-à-dire attention au chien!), bijoux, fresques – érotiques, ésotériques ou autres -, armes de gladiateur, ustensiles de cuisine, sonnettes, masques de théâtre ou mosaïques défilent, nous plongeant dans le quotidien d’une cité d’importance moyenne de l’Italie antique et, donc, représentative de celle-ci. E.M.

L’Art flamand et hollandaisBelgique et Pays-Bas (1520-1914). Collectif sous la direction de Thomas DaCosta Kaufmann, Citadelles & Mazenod, 614 p.

Cette étude va provoquer des vagues. En effet, le propos est bien de suivre durant quatre siècles l’art qui vit le jour en Flandre et en Hollande en n’y voyant qu’un seulet unique: néerlandais. On aurait donc été trompé par les désirs nationalistes nés au XIXe siècle!… On aurait tout faux, quand on compare Rembrandt et Rubens. Etrange… La démonstration se garde bien de prendre en compte l’âge d’or des primitifs flamands, et préfère débuter son étude dans le premier quart du XVIe, c’est-à-dire à un moment de crise où l’italianisme s’apprête à bouleverser les manières. Mais, à ce jeu, ne risque-t-on pas de ramener l’étude des chefs-d’oeuvre à celle d’une sociologie de l’art?

Giambattista Tiepolo par Filippo Pedrocco, Flammarion, 342 p.

D’une sensualité étourdissante, la palette de roses, bleus et jaunes du célèbre peintre et décorateur vénitien du XVIIIe siècle n’a d’égale que la virtuosité du dessin. Des fresques de Würzburg à celles de Madrid, en passant par la Sérénissime, l’auteur, qui connaît bien l’oeuvre de Tiepolo pour lui avoir déjà consacré deux autres ouvrages et participé à la grande exposition de 1996, nous en révèle tous les secrets. Un catalogue exhaustif conclut cet ouvrage de référence.

Michel-Ange et la chapelle Sixtine par Marcia Hall, photographies de Takashi Okamura, La Renaissance du Livre, 240 p.

C’est à la chapelle Sixtine, à Rome, que le génie de cet artiste hors norme a trouvé le lieu idéal à son épanouissement. Pourtant, lorsque le pape Jules II lui a confié la modernisation de la chapelle, en 1503, Michel-Ange ne s’est pas montré débordant d’enthousiasme. L’oeuvre s’est rapidement révélée colossale: la voûte de la chapelle et Le Jugement dernier sont, désormais, considérés comme deux des plus grandes réalisations de tous les temps. Cet ouvrage nous raconte les péripéties du peintre et l’énormité de la tâche. Survolant les époques, il nous révèle aussi les difficultés de la restauration des lieux, une entreprise parsemée d’embûches et de longue haleine, qui a permis de restituer les luxuriantes couleurs – parfois même franchement « fluo »! – des fresques noircies par les ans. Et, surtout, ce livre nous offre un répertoire exhaustif de l’oeuvre du peintre italien dans la chapelle, nous donnant à voir une profusion de détails inédits et souvent désarçonnants. I.Ph.

Philippe de Champaigne par Lorenzo Pericolo, La Renaissance du Livre, 320 p.

Aucune exposition n’aura salué le 400e anniversaire de la naissance, à Bruxelles, de ce peintre extraordinaire qui fit carrière auprès des jansénistes, à Paris. Cet oubli confirme l’ancienneté d’un parti pris qui, à vouloir comparer de Champaigne à son rival, Nicolas Poussin, ignora la profonde singularité du maître flamand. Cette étude lui rend la place qu’il mérite.

RaphaëlLa Chambre de la Signature, par Andrea Emiliani, Gallimard, 304 p.

Il y a, au Vatican, la chapelle Sixtine, l’oeuvre admirable de Michel-Ange, le solitaire farouche. Et puis, la chambre de la Signature, de son contemporain Raphaël (1483-1520), qui cultivait les échanges avec les lettrés les plus illustres. A la demande du pape Jules II, l’artiste réalisa la décoration des nouveaux appartements pontificaux. Les fresques de la chambre de la Signature – l’ancienne bibliothèque privée du pape – traitent des grands genres livresques: à travers quatre grandes scènes, Raphaël met en scène la poésie, l’histoire, la théologie et la philosophie. L’harmonie du monde y est pour la première fois exprimée par une coupole d’essence métaphysique, où président les quatre éléments. L’ouvrage, superbement illustré, offre une magistrale analyse historique et plastique de ce chef-d’oeuvre de la Renaissance, qui fut déterminant pour les canons picturaux de l’art occidental. E.M.

GhirlandaioArtiste et artisan, par Jean K. Cadogan, Flammarion, 426 p.

Certes, La Dernière Cène de Florence aux Ognissanti n’a rien du mystère de celle de Léonard de Vinci. De là à minimiser le rôle joué par le maître toscan, il n’y avait qu’un pas. Or, en cette fin du XVe siècle, Ghirlandaio occupe une place de choix à la fois comme rassembleur des acquis et comme patron d’une des plus actives « boutiques » de la ville où tant d’artistes viendront apprendre les métiers d’art et d’artisanat, mais aussi les nouveaux rapports avec les mécènes. Une étude exemplaire.

Sebastiano SerlioArchitecte de la Renaissance, par Sabine Frommel, Gallimard, 400 p.

Le professeur Serlio (1480-1554) se fit connaître, d’abord, par ses traductions des livres d’architecture de Vitruve. C’est ainsi qu’il fut amené à travailler pour François Ier à Fontainebleau et à construire, entre autres, le fameux château d’Ancy-le-Franc. Il est ainsi entré dans l’histoire par les deux portes de la théorie et de la pratique, mais c’est surtout comme ambassadeur de l’esthétique italienne en France que son nom retient aujourd’hui l’attention.

Baroques par Giovanni Careri et Ferrante Ferranti, Citadelles & Mazenod, 248 p.

D’emblée, le baroque se conjugue ici au pluriel. De Rome, l’auteur nous mène en Amérique du Sud, puis en Inde ou au Portugal, revient vers Rome ou Naples, repart, caracole au rythme des ors, des envols d’anges et des extases. Premier mouvement artistique véritablement mondial, le baroque est aussi le premier exemple aussi abouti d’art total. D’où l’importance accordée dans cet ouvrage, superbement illustré, non seulement aux architectures mais aussi à la sculpture, aux stucs, à l’ébénisterie, à l’art des décors de théâtre, des jardins ou encore à celui des fontainiers. Tout en mêlant, bien entendu, les stars et les artistes anonymes.

L’Egypte antique par Maurizio Damiano-Appia, Gallimard, 380 p.

Parmi les innombrables ouvrages consacrés à l’Egypte ancienne, celui-ci peut certainement remporter la palme du plus didactique. D’innombrables photographies, accompagnées de riches textes-légendes nous font parcourir chaque période de l’histoire de l’art d’une des plus riches civilisations au monde, depuis le néolithique jusqu’à l’époque romaine, des premiers mastabas et pyramides aux étonnants portraits funéraires du Fayoum. Le tout se clôture sur de belles et utiles annexes: tableaux historiques comparatifs, glossaire, chronologie, carte… Clair, beau, précis. Que demander de plus? E.M.

Les Pharaons sous la dir. de Christiane Ziegler, Flammarion, 672 p.

L’exposition du Palazzo Grassi à Venise (jusqu’au 31 décembre) éclaire, par chefs-d’oeuvre interposés, le rôle et l’importance de ceux qu’on appelait les fils du Soleil, les pharaons. De Djoser (au temps des premières pyramides) jusqu’aux Ramessides de la XXIe dynastie, en passant par la période amarnienne d’Akhénaton, le livre dresse le catalogue des pièces rassemblées, tout en offrant à la fois une synthèse des connaissances actualisées autour de cette figure centrale dont on étudie le culte divin, l’image ou encore la momification.

L’Art des grandes cathédrales Par Bernard Schütz, Hazan, 472 p.

Chartres, Reims, Cologne, Paris, Milan, Burgos, Canterbury, Sienne, Mayence, Séville… Autant de chefs-d’oeuvre d’art total symbolisant la ferveur et la pensée religieuses du Moyen Age européen. Voici un ouvrage, conçu par un spécialiste allemand, qui propose une vue d’ensemble de 36 grandes cathédrales médiévales de 5 pays: France, Espagne, Allemagne, Italie, Angleterre. Superbement illustré, ce panorama s’étend du XIe au XVIe siècle, présente l’unité artistique et intellectuelle de l’époque, tout en détaillant l’architecture propre aux différentes régions de ces lieux uniques et grandioses exaltant le sens du sacré. E.M.

Les plus beaux lieux de l’Asie sacrée par Michael Freeman et Alistair Shearer, Flammarion, 208 p.

Coup de coeur pour ce voyage à la recherche du sens, qui offre une rare équivalence entre un texte, qui va d’emblée à l’essentiel, et des photographies qui rendent cette réalité aussi vivante – et vibrante – que possible. Point de départ: les forces de l’animisme (lieux, éléments); point d’arrivée: l’architecture sacrée de l’hindouisme et du bouddhisme. Un livre majeur, à cent lieues des lourdeurs de l’analyse et des caricatures touristiques.

La Montagne des dix mille Bouddhas Namsan, Gyeongju, Corée. Par Antoine Stephani, Bang Hai-Ja et Lee Ufan, Cercle d’art, 160 p.

Le livre est né d’une idée lumineuse: confronter les photographies d’Antoine Stephani, parti sur les routes, pistes et sentiers du bouddhisme coréen, et les commentaires de deux artistes du pays. Tout commence par une forêt, se poursuit dans les roches et l’horizon puis, invité par un texte extrêmement senti (écrit par les deux artistes), les premières oeuvres « in situ ». On traverse la rivière des eaux médicinales, la vallée de l’eau profonde et celle du feu d’alarme. Une audace éditoriale qui devrait payer. Ce ne serait que justice.

Angkor ouvrage coll. Photographies de Jon Ortner, Citadelles & Mazenod, 284 p.

On les sait menacés par la nature et, surtout, par les hommes. L’histoire ne leur fit aucun cadeau et, cependant, les ensembles architecturaux d’Angkor, bâtis sur plus de 300 kilomètres carrés, renaissent peu à peu. Les extraordinaires photographies nous révèlent des vues imprenables, lointaines, tout récemment mises au jour, tout autant que des détails, inscriptions, figures hindouistes. Pleines pages et plans rapprochés sont commentés par une série de spécialistes internationaux qui nous apportent les renseignements les plus récents sur l’état de nos connaissances à propos de cette capitale de l’empire khmer, du IXe au XVe siècle. A ce jour, le plus beau livre sur Angkor.

Istanbul par M.-F. Auzépi, A. Ducellier, G. Veinstein et S. Yerasimos, Citadelles & Mazenod, 484 p.

Après Paris, Rome et Le Caire, les fameuses éditions Citadelles & Mazenod consacrent une monographie à Istanbul. Selon un schéma d’analyse historique, on y suit la naissance et le développement de la grande cité du Bosphore. Lieu de rencontre entre l’Asie et l’Europe, Istanbul vécut d’abord à l’heure romaine. Puis vinrent Byzance et la célèbre Sainte-Sophie, qui connut l’assaut, d’abord, des croisés (en 1204), puis des Ottomans (dès 1453). C’est à ces derniers que l’on doit les trésors de Topkapi et les architectures de Soliman le Magnifique. Mais, Istanbul, c’est aussi l’histoire de ces maisons de bois ou encore celle de l’art nouveau qui s’y est infiltrée peu à peu…

La France des légendes par Yves Paccalet et Stanislas Fautré, Flammarion, 216 p.

Quel bonheur que de voir, enfin, des paysages sans âge où, on va le découvrir, habitent les dieux et les anges, les magiciens et les sorcières, les fées et les lutins, les fantômes, les revenants et autres monstres! Cela se passe en Ile-de-France, à l’île d’Yeu, dans le Languedoc ou en Auvergne. Pour nous en raconter ces aventures, l’auteur fait appel, surtout, à la qualité suggestive des photographies signées Stanislas Fautré.

La Croisière jaune par Ariane Audouin-Dubreuil, Glénat, 189 p.

A l’heure des moyens de communication ultra-rapides et de l’actualité télé presque instantanée, la Croisière jaune a pris, à l’évidence, un petit coup de vieux. Et, pourtant, en ces années 1931-1932, l’expédition Citroën Centre-Asie fut bel et bien un exploit: 12 000 kilomètres sur l’ancienne Route de la soie, de Beyrouth à Pékin, en passant par l’Himalaya, voilà qui était peu banal. A l’occasion du 70e anniversaire de cette incroyable odyssée, la Société de géographie, qui la finança en partie, a ouvert ses archives. Commenté par la fille de l’un des commandants de cette épopée, qui y joint une foule de documents et de souvenirs personnels, voilà probablement l’un des plus beaux livres, l’un des plus novateurs aussi, jamais consacrés à cettte action d’éclat. Bilan: de nombreux clichés inédits sépia et autres « chromos », un commentaire aux meilleures sources tant sur l’aventure technique que sur l’apport ethnologique. Et une authentique évasion. St. R.

Maisons de bambou par Géry Langlais, Hazan, 160 p.

En partant d’un matériau, le bambou, largement répandu en Asie, mais aussi en Amérique du Sud et dans quelques pays africains, l’auteur inventorie ses mille et un usages dans l’architecture. Depuis les fondations jusqu’aux toitures, cloisons, planchers, portes et fenêtres, il révèle l’intelligence des hommes autant que celle d’un matériau dont il explore aussi les possibilités dans des architectures éphémères comme les échafaudages, les ponts ou encore les tours de crémation.

Voir et rêver le mondeImages de l’Univers de l’Antiquité à nos jours, par Jean-Pierre Verdet, Larousse, 239 p.

Voici un ouvrage original, dont l’auteur commente et illustre, à travers les âges de l’humanité, l’énigme de l’Univers: « Si le monde est fini, que trouve-t-on au-delà de son ultime enveloppe? » Des premières représentations de la voûte céleste et des constellations jusqu’aux photos prises par le télescope Hubble, les cosmogonies, images de la naissance du monde, premières mappemondes et codex défilent, nous emmenant dans un éblouissant voyage cosmique… Beau et dépaysant. E.M.

Cabinets de curiosités par Patrick Mauriès, Gallimard, 260 p.

Il ne faut pas confondre archivage et cabinet de curiosités. Si l’un et l’autre entassent et multiplient les objets étiquetés, le second vise l’étonnement, l’émerveillement et peut-être même la clé d’un humanisme largement ouvert à l’improbable. L’auteur, aidé par de nombreux documents iconographiques, veut avant tout nous dresser un historique de la pratique et quelques-uns de ses héros, princes, médecins et poètes.

Sumi-e, l’art du pinceau par Shingo Syoko, coffret, Plume.

Après l’art du dessin, voici celui de l’encre. La formule, si plaisante, n’ambitionne pas de tout expliquer de cet art japonais séculaire, mais elle offre la possibilité d’une initiation réelle. En effet, le coffret contient, outre un livret d’exercices, une boîte avec trois pinceaux, deux bâtons d’encre, la pierre pour l’eau ainsi que des feuilles de papier. Au travail! Et puis, si par cet apprentissage de la patience et de la concentration, l’envie vous vient d’en savoir davantage sur le théâtre Nô, sachez que les éditions Adam Biro (en collaboration avec le musée de Genève) publient une étude, Fleurs d’automne, sur la fabrication, l’usage et la symbolique des masques et des costumes de ce genre théâtral.

Kodiak, Alaska Les Masques de la collection Alphonse Pinart, sous la dir. d’E. Désveaux, Adam Biro, 256 p.

En 1871, Alphonse Pinart, jeune savant intrépide et érudit, atteint le golfe d’Alaska et, plus particulièrement, l’archipel Kodiak. Fasciné, il note les habitudes, les rituels des autochtones, apprend leur langue et rapporte en France des objets de la vie quotidienne et du culte. Un trésor aujourd’hui présenté au musée des Arts africains, à Paris, et objet de ce livre-catalogue. Une découverte, et un témoignage précieux sur une culture méconnue.

La Fontaine et les artistes par Gérard Gréverand, La Renaissance du Livre, 224 p.

Depuis leur parution, les célèbres Fables n’ont cessé de séduire les dessinateurs. Une histoire de ces illustrations méritait bien un livre. C’est chose (bien) faite avec, en sus, le plaisir, tout enfantin, de retrouver les amis lièvres et tortues signés Oudry, Samivel, Granville, Doré mais aussi tant d’autres, d’Epinal ou non, anonymes ou célèbres, de nos régions ou de très loin.

La photographie contemporaine par Michel Poivret, Flammarion, 192p

L’engouement pour la photographie aura amené plus de confusion que de compréhension. Les querelles d’écoles font place à une vision élargie où, pas à pas, analysant autant la photographie plasticienne que la photographie documentaire et leurs développements, l’auteur prend moins parti qu’il ne tente d’y voir clair. Ce faisant, il réintroduit des critères de jugement qui ne peuvent être que bienvenus.

Fleur de peau par Véronique Durruty et Patrick Guedj, Plume, 279 p.

Pas de texte, juste quelques phrases çà et là. Seulement des photographies, à perdre haleine, détail et visage, main et épaule. Le sujet: la peau. Les enfants, les vieillards, l’Afrique, l’Asie, l’Europe, avec une telle tendresse et un oeil si prompt à révéler la teinte par le voisinage d’un ciel ou d’une parure. On reste sous le choc. L’humanité est-elle donc si belle? Et cette beauté découverte ne porte-t-elle pas en elle une humanité avec laquelle, enfin, on aurait envie de songer au futur? Un livre coup de coeur.

Guy Gilsoul

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire