La grâce de l' » or blanc « 

Barbara Witkowska Journaliste

C’est ainsi qu’on nomme la faïence fine andennaise. Elle est mise en valeur dans une belle expo organisée par le musée de la Céramique et présentée à l’hôtel de ville.

La faïence fine andennaise – influences et concurrences, Hôtel de ville d’Andenne, du 23 mars au 20 mai. www.ceramandenne.be

Nous parler des arts au quotidien. Tout cela, au travers d’oeuvres et d’objets qui peuvent être d’un usage quotidien mais qui n’en sont pas moins des oeuvres d’art. Ce que présente cette exposition, c’est cette recherche de beau dans l’utile. Jadis, la commune d’Andenne abritait dans son sous-sol une richesse exceptionnelle : les argiles plastiques qu’on appelait, ici,  » la derle « . Composée de terre blanche, typique de la région, très plastique et très fine, elle permettait aussi de faire de la sculpture.

Cette argile rare, cet  » or blanc « , a donné naissance au développement et à la notoriété de la faïence fine andennaise. Son  » âge d’or  » commence à la fin du XVIIIe siècle, lorsque Joseph Wouters, un  » entrepreneur  » comme nous dirions aujourd’hui, ouvre à Andenne une  » pakuse « , un entrepôt destiné à vendre de la derle. Wouters rêve aussi de sa manufacture. Comme le veut l’époque, il se lance dans l’  » espionnage « . Il fait le tour des plus grandes manufactures européennes pour y glaner un maximum de procédés de fabrication, de techniques et de secrets. Ainsi  » formé « , il ouvre sa manufacture à Andenne en 1784, en débauchant au passage les meilleurs artisans en Lorraine. La production décolle immédiatement.

Très qualitative, la faïence fine d’Andenne a un tel succès que l’empereur Joseph II accorde à la manufacture, pour dix ans, le titre de  » Fabrique impériale et royale à Andenne « . Sa réputation attire des artistes en vogue, notamment Jacques Richardot, issu de la célèbre famille de céramistes lorrains qui aurait fait ses armes auprès de Laurent Delvaux à Bruxelles, sculpteur attitré du gouverneur Charles de Lorraine. En 1816, la fabrique obtient le titre de  » manufacture royale du roi Guillaume 1er des Pays-Bas « . La notoriété d’Andenne est alors à son apogée. Sous la houlette de Bernard Lammens, successeur de Joseph Wouters, les procédés techniques s’affinent, la production se diversifie. Les motifs en camaïeu bleu, toujours très prisés, alternent avec des impressions en noir et avec des décors en relief blanc. Des imitateurs ne manquent pas et Andenne devient, pendant un demi-siècle, un centre important de la faïence fine.

La grande originalité de l’exposition sera de présenter, pour la première fois, environ deux cents objets avec cachet (en général, la céramique n’est pas marquée). On pourra y admirer terrines, assiettes et plats représentatifs de tous les courants et motifs en vogue au début du XIXe siècle : la brindille, la rose, le coq, l’oiseau d’Andenne, le trèfle, la mauve, l’hibiscus et les animaux mythologiques. Autre temps fort : la sculpture, où l’on retrouvera quelques pièces de Jacques Richardot, dont un Napoléon représenté au début de son pouvoir et des Putti dans un cortège de bacchanales. Ces riches collections, appartenant au musée de la Céramique (qui fête en 2013 ses 80 ans) et à la Fédération Wallonie-Bruxelles, seront exposées par ordre chronologique pour évoquer ce que fut le goût d’une époque.

BARBARA WITKOWSKA

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