» La ferme n’est pas mon seul métier « 

Des plantes de cannabis à perte de vue et pas un gyrophare bleu à l’horizon !  » Ce chanvre-ci n’a pas du tout la même teneur en THC, la substance qui agit sur le cerveau, sourit Laurent Streel, fermier à Othée, près de Liège. Il faudrait fumer tout un champ pour avoir l’effet d’un joint…  » Pourtant, la ressemblance est trompeuse. Même pour les  » pros « .  » Lors de la dernière récolte, des BMW avec plaque hollandaise circulaient autour. Leurs conducteurs semblaient intéressés « , se souvient l’agriculteur, amusé. Il est vrai qu’un des chemins de ce coin fertile de Hesbaye a été baptisé voie de Maastricht…

Cela dit, la culture de chanvre est une affaire sérieuse et prometteuse. Installée dans une magnifique ferme carrée hesbignonne, au pied de l’église du village, la famille Streel s’est lancée dans l’aventure davantage par conviction que par nécessité.  » Nous avons 60 hectares de cultures, explique Laurent, 43 ans. Il y a cinq ans, comme nous plafonnions dans les rendements, nous avons vendu notre quota betteravier. Nous cherchions de bonnes têtes d’assolement pour la rotation des parcelles. Le chanvre est très couvrant et ne nécessite ni herbicide, ni insecticide, ni fongicide, juste un peu d’azote. Il est aussi résistant à la sécheresse.  » En outre, les débouchés sont nombreux. Cette plante très fibreuse constitue un excellent isolant naturel pour les maisons. Sa résistance permet même d’en faire du plastique biodégradable utilisé dans l’industrie automobile. Ses graines constituent une alimentation pour oiseaux bien connue des oiseleurs. On en tire également une huile dont le rapport équilibré entre oméga 3 et oméga 6 est vanté dans les magasins bio. Le problème reste la transformation de la plante et la commercialisation. En Wallonie, depuis 2007, la SPRL Chanvreco, seule dans le domaine, fabrique essentiellement du matériau isolant. La culture dépend donc des projets de construction.

 » Conséquence : cette année, mon quota de chanvre tombe de sept à quatre hectares. La diversification, ce n’est pas toujours évident « , se désole Laurent. L’agriculteur ne semble toutefois pas trop préoccupé. La ferme n’est pas son seul métier. Il s’occupe d’abord d’achats de produits frais pour les magasins Rob. Ses deux frères et sa s£ur, avec lesquels il a repris la ferme paternelle sous forme de société coopérative, ont aussi un job extérieur : prof, commerçant, pharmacienne. Pour eux, c’était la seule solution pour garder leur patrimoine et ne pas abandonner leur passion.

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