La faute à la Marseillaise

Peter Vandermeersch

En Flandre, Verhofstadt et Leterme s’apprêtent à redescendre dans le ring. Après sa sortie de la scène nationale, Guy Verhofstadt s’est éclipsé, une année durant. Mais l’ancien Premier ministre est maintenant back in town : les téléspectateurs flamands ont pu s’en rendre compte à satiété. Guilleret et tout heureux, il n’arrête pas de parler de livres, de l’Italie, de son amour pour la musique, etc. Nullement de politique. Au congrès de son parti, le simple fait de se mettre debout en levant les deux mains au ciel lui a suffi pour recevoir, par deux fois, une standing ovation. Plus longtemps je garde le silence sur la Belgique et la situation politique du pays, mieux cela vaut pour moi, a dû se dire le Gantois. A quiconque veut l’entendre, il répète qu’il vise un mandat de député au Parlement européen, mais beaucoup estiment qu’il ne se contentera pas d’un strapontin à Strasbourg.

Où en sont les ambitions de son successeur ? Bonne question. Yves Leterme a jeté l’éponge peu de temps avant Noël pour se replier sur ses terres yproises. L’ombre de l’ancien Premier ministre, qui se qualifie désormais comme  » le premier militant du CD&V « , plane sur son parti. Leterme, qui, selon son propre aveu, n’y compte que trois amis, s’estime méconnu et abusé. Dans des interviews, il cache mal son amertume et son aigreur. A tel point que Herman Van Rompuy s’est résolu à lui conseiller publiquement qu’il ferait mieux de tourner la page. C’était trop demander au West-Flamand têtu. Récemment, celui-ci a été l’hôte du talkshow Voor eens en voor altijd, un programme d’amusement diffusé sur la VRT. Il y était invité à nommer un épisode de sa vie qu’il voulait gommer des mémoires, une fois pour toutes. Et l’ancien Premier ministre de choisir l’épisode où il entonna la Marseillaise sur les marches de la cathédrale de Bruxelles.  » A partir de ce moment-là, tout a commencé à déraper, a-t-il analysé. Je ne pouvais plus rien faire de bon.  » Ses yeux reflétaient la peine et la frustration causées par cet événement douloureux. Plus jamais il n’écoutera la Brabançonne sans penser à la Marseillaise et à ce terrible pas de clerc qu’il n’est jamais parvenu à redresser. Ce n’était pas son jour de gloire.

Rédacteur en chef du Standaard

PETER VANDERMEERSCH

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