La deuxième jeunesse de la Bourse

Danny Reweghs

Plus prudents, les investisseurs ne se concentrent désormais plus sur les actions de croissance mais privilégient les actions de rendement

Après la pluie, le beau temps. C’est vrai aussi pour la météo boursière. Après un début de nouveau millénaire franchement ensoleillé, le ciel boursier s’était bien assombri. Au printemps 2003, les places financières avaient même paniqué, infligeant aux indices boursiers des reculs de 60, 70, voire même 80 % par rapport à leurs sommets historiques. L’éclatement de la bulle technologique ne fut pas la seule responsable. En mars 2003, à la veille de l’invasion irakienne par la coalition américano-britannique, le plancher boursier était proche…

Mais les investisseurs avaient fait preuve d’un pessimisme démesuré. Depuis, un  » relief rally  » s’est amorcé. Ce mouvement de redressement ne s’est pratiquement pas interrompu. Il est toujours en cours. Résultat : la plupart des Bourses ont plus que doublé et se situent actuellement à leur plus haut niveau des quatre dernières années. Dans ce contexte, la faiblesse des taux d’intérêt joue également un rôle crucial.

La défiance à l’égard des actions reste pourtant vive depuis la débandade de la fin du siècle dernier. Les investisseurs conservent une réelle aversion au risque et préfèrent parquer des sommes colossales sur des livrets d’épargne (plus de 150 milliards d’euros en Belgique !). Jusqu’à il y a environ un an, ils achetaient également des obligations d’Etat. Mais, depuis, les taux ont tellement baissé que l’on a vu naître le phénomène ( TinaThere Is No Alternative). A défaut d’alternative, les investisseurs en reviennent peu à peu aux actions. Les fonds à capital garantis cartonnent ( lire ci-contre), mais l’achat d’actions individuelles, qui constitue le vrai baromètre, reprend vigueur.

Cela dit, les investisseurs ont retenu la leçon : le choix des actions a changé fondamentalement. Les épargnants préfèrent désormais des valeurs défensives. Pas d’actions technologiques mais des valeurs de fond de portefeuille solides qui n’ont pas été trop affectées par l’ouragan boursier. Les investisseurs privilégient également des sociétés qui ont continué à verser chaque année un dividende généreux.

Les stars de la Bourse belge en 2005

Parmi les actions les plus populaires, citons en premier lieu les sociétés de services d’utilité publique. Ce n’est pas pour rien que de nombreux investisseurs se sont séparés à grand regret de leur lot d’actions Electrabel ou hésitent encore à s’en délester. Ce n’est pas pour rien que le marché a accueilli avec grand enthousiasme l’introduction en Bourse du gestionnaire de réseaux électriques Elia à la mi-juin. Pas un hasard non plus si l’action a progressé de 15 % depuis que Suez a annoncé l’absorption d’Electrabel. Belgacom s’est, lui aussi, très bien porté la première année de son introduction en Bourse, soutenu essentiellement par son généreux dividende. Rappelons en effet qu’au niveau des chiffres de croissance, il y a encore du pain sur la planche.

Les sicafis surclassent aussi la moyenne boursière depuis plusieurs années, malgré leur prime élevée (leur cours de Bourse est de 30 % supérieur à leur valeur intrinsèque). Leur rendement de dividende supérieur (en moyenne 5 à 6 % net) continue d’allécher les investisseurs en quête de rendement. C’est également le cas, mais dans une moindre mesure, des valeurs financières. Elles comptent en effet parmi les sociétés dont le dividende est le plus plantureux. Toutefois, leur performance très moyenne durant la crise leur vaut d’être considérées avec beaucoup de réserve et, donc, d’évoluer plutôt médiocrement en Bourse.

Enfin, dans le classement des actions populaires, épinglons les sociétés de croissance défensives. Un exemple : Colruyt. Malgré le reflux boursier, cette action a plus que doublé en l’espace de cinq ans. Le groupe publie des résultats franchement enviables, n’a aucune dette, augmente chaque année sensiblement son dividende et rachète énormément d’actions propres. Or, ce sont précisément les facteurs qu’une action doit réunir à l’heure actuelle pour séduire le public des investisseurs. Les holdings tels que Sofina (très longtemps actionnaire de Colruyt), qui distribue un dividende de manière ininterrompue depuis 1903 et l’augmente chaque année, ont également le vent en poupe.

Si beaucoup d’éléments plaident pour renouer avec des actions de qualité, offrant un beau rendement, on n’oubliera pas cependant la règle d’or : n’investir en Bourse que des montants dont on n’aura pas besoin à courte échéance.

Danny Reweghs

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