La Chapelle musicale Reine Elisabeth version XXL

Barbara Witkowska Journaliste

Elevée en parfaite osmose avec la nature, épurée mais sophistiquée, la superbe extension fraîchement inaugurée insufflera une nouvelle dynamique à cet écrin mythique. Pour le plus grand bonheur des jeunes musiciens.

Implanté juste derrière le bâtiment historique, le vaisseau déroule sa façade vitrée sur une longueur de 80 mètres. Des centaines de pixels imprimés rythment la peau de verre mais ce décor n’est pas dû au hasard. Il s’agit de la transcription d’une partition d’Eugène Isaÿe, un sympathique clin d’oeil au compositeur et violoniste belge, l’un des initiateurs de la Chapelle. On pénètre dans l’aile de Launoit (le nom de l’extension) en traversant le bâtiment d’origine, élevé en 1939 par l’architecte liégeois Yvan Renchon (beau-frère de Georges Simenon). Devant nous, se déploie le grand studio, superbe salle de concert de 250 places, habillée de tonalités beiges et grises élégantes. Un chaos de lumière s’engouffre par d’immenses baies vitrées qui s’ouvrent sur la forêt d’Argenteuil.  » La configuration respecte la volonté de la reine Elisabeth qui souhaitait que la Chapelle soit un écrin dans la verdure « , souffle Bernard de Launoit, executive president de l’institution. Acoustiquement parfaite, extrêmement polyvalente, la salle est facilement modulable, permettant d’entendre des prestations de solistes ou d’ensembles de musique de chambre.

Conçue par les architectes Olivier Bastin et Sébastien Cruyt, l’aile de Launoit comporte aussi trois salles de répétition et d’enregistrement et vingt studios de logement : treize duplex équipés d’un piano pour les jeunes musiciens résidant à la Chapelle et sept simplex destinés à accueillir des hôtes de passage. La déco joue l’élégance raffinée jusque dans ses moindres détails. Un vaste foyer, décoré au plafond d’une oeuvre de l’artiste belge Jean-Luc Moerman, décline un univers paisible et apaisant qui laisse l’esprit vagabonder. Enfin, une cuisine professionnelle high-tech proposera bientôt une restauration de qualité à tous les visiteurs extérieurs.

Un budget de 10 millions d’euros

Destinée aux jeunes musiciens voulant se perfectionner, la Chapelle musicale Reine Elisabeth a été créée en 1939 à l’initiative de la reine Elisabeth, grande mélomane, d’Eugène Isaÿe et du mécène Paul de Launoit.  » Au début, elle a accueilli 12 élèves, explique Bernard de Launoit. Il y avait trois sections. Aujourd’hui, nous avons 60 jeunes et six sections : piano, violon, chant, violoncelle, musique de chambre et alto. Au début des années 2000, on a commencé à être à l’étroit, il fallait louer des locaux provisoires. Le contenu a bouleversé le contenant. En 2004, nous avons décidé d’investir dans des infrastructures en rapport avec le développement de la Chapelle. Le projet a nécessité un budget de 10 millions d’euros. Plus de 90 % ont été financés sur fonds propres. Le reste vient du fundraising et du financement public. Le projet est attractif, beaucoup de mécènes privés et quelques entreprises ont répondu à l’appel.  »

La nouvelle extension permettra d’offrir à un plus grand nombre de jeunes musiciens la possibilité d’une résidence à la Chapelle. Car les jeunes sont évidemment attirés par l’excellence de l’enseignement et par les professeurs. Rappelons que durant la saison 2014-2015, six grands noms de la musique classique les accompagnent : José van Dam (chant), Augustin Dumay (violon), Maria João Pires (piano), Gary Hoffman (violoncelle), Miguel Da Silva (alto) et le Quatuor Artemis (musique de chambre).  » Notre but est de renforcer la cohésion entre les six sections, conclut Bernard de Launoit. On va gagner beaucoup en termes de contexte favorable pour faire de nouveaux projets. Et construire de nouvelles générations de musiciens.  »

Barbara Witkowska

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