La brique rogne sur l’espace vert

Nivelles vit actuellement au rythme des chantiers, entre l’extension du zoning et les nombreux projets de lotissements aux quatre coins de la ville. Ce développement exponentiel pose des questions écologiques.

Le développement de Nivelles peut sembler impressionnant, mais il n’a rien d’incontrôlé, précise d’emblée Christelle Vervoort, conseillère en environnement pour la Ville. Les constructions respectent le plan de secteur établi par la Région wallonne. On ne bâtit pas n’importe où.  » Il n’empêche qu’on construit beaucoup à Nivelles en ce moment. Au sud, le zoning s’étend avec de nouvelles zones commerciales et industrielles, tandis que partout la ville se dote de lotissements de plus ou moins grande ampleur. Le projet le plus impressionnant reste incontestablement celui de la campagne du petit Baulers, qui prévoit plus de 800 logements sur cinquante hectares (voir également en page 90).

Cette ruée vers la brique s’explique par la volonté des autorités d’augmenter le poids démographique de Nivelles, mais aussi par une certaine pression immobilière. Christelle Vervoort développe ce dernier point :  » Les personnes qui souhaitent s’installer près de Bruxelles ont d’abord exploité les communes au nord de Nivelles, telles que Waterloo ou Braine-l’Alleud. Maintenant que ces villes sont plus ou moins saturées, les gens ont tendance à descendre vers Nivelles, ce qui explique qu’on exploite seulement maintenant le potentiel urbanistique de la ville. Cette transformation semble imposante parce qu’elle s’effectue de manière soudaine, et non progressive. « 

Même s’il s’agit de terrains à bâtir, ces constructions qui s’érigent en nombre font émerger une question cruciale : l’environnement naturel de Nivelles est-il menacé ? Les lotissements – souvent construits sur d’anciennes zones cultivées – tentent en tout cas d’insérer quelques zones de verdure autour de leurs bâtiments. Dans le centre, les espaces verts se résument au parc de la Dodaine, un lieu bicentenaire classé depuis 1945. Il n’est pas question de toucher à ce monument, mais la Ville n’envisage pas de créer de nouveaux écrins de verdure en centre-ville.

Les citoyens veillent au grain

En dehors de son centre névralgique, Nivelles veille toutefois à conserver un équilibre naturel. Depuis une dizaine d’années, la commune a mis en place un service de l’environnement qui a, jusqu’à présent, veillé à la consommation énergétique des bâtiments publics, à la gestion des déchets, à l’installation de nichoirs… Mais depuis quelques mois, les préoccupations écologiques vont plus loin. Nivelles travaille à l’instauration d’un Plan communal de développement durable, subsidié par la Région wallonne.

 » Le projet se passe en deux temps, explique Christelle Vervoort. Premièrement, un bureau est chargé d’établir l’étude du réseau écologique de la ville, en classant les zones selon leur intérêt pour la biodiversité. Cela nous permet de visualiser les lieux à restaurer, les terrains que la Ville doit acquérir pour les préserver, etc.  » La suite du programme implique les citoyens, invités à rejoindre des groupes de travail aux thèmes variés : les abeilles, les sentiers, les zones humides et cours d’eau… Il en sortira des propositions d’actions à adopter selon les besoins.

Pour l’instant, le projet attend encore son approbation, attendue en novembre. Mais Joseph Delannoy, membre de l’Adesa (Action et défense de l’environnement de la vallée de la Senne et ses affluents), se réjouit d’ores et déjà de l’initiative. «  Avant, seuls les citoyens luttaient pour la préservation de la nature. C’était donc très compliqué d’obtenir gain de cause. Depuis quelques années, on sent une réelle volonté écologique des autorités communales et c’est une excellente chose car cela permet des avancées plus faciles et plus franches.  »

Même si les travaux pour l’environnement évoluent dans le bon sens, Joseph Delannoy reste sur ses gardes. Il est toujours là pour  » veiller au grain « , comme il le dit lui-même. L’homme et les autres défenseurs de la nature tiennent surtout à ce que les projets d’agrandissement ne viennent pas rompre la  » ceinture verte « , cet ensemble de villages ruraux qui entourent Nivelles et lui permettent de maintenir son statut de ville provinciale, à la campagne. Du côté de la commune, le discours se veut rassurant :  » Tout est mis en £uvre pour maintenir cette ceinture de verdure et de cultures qui encercle Nivelles, insiste Christelle Vervoort. Nivelles doit rester un centre urbain concentré, comme il l’est actuellement. « 

Même s’il reste dans le cadre des zones à urbaniser définies par le plan de secteur, le développement de la ville risque toutefois de poser question d’ici à quelques années.  » Si l’on utilise tout l’espace disponible, nous risquons de dépasser l’objectif des 30 000 habitants fixés par la commune, estime la conseillère du service environnement. Nous pourrions même atteindre les 34 000 Nivellois. Or nous sommes en ce moment à 27 000 habitants et la Ville est déjà à la limite de l’engorgement du point de vue des transports, des places dans les écoles, etc. Il va falloir tôt ou tard se pencher sur cette problématique. « 

MARIE-EVE REBTS

 » La ceinture verte et de cultures qui encercle Nivelles sera maintenue « 

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