La Belgique? C’est du gâteau!

DE MARC OSCHINSKY

L’autre semaine, apprenant que Bill Gates était à Bruxelles pour promouvoir encore Dieu sait quel logiciel indispensable à notre bonheur, Georges Le Gloupier a décidé d’aller lui dire bonjour. Il est comme ça, Georges! Quand il a un ennemi préféré, il ne le lâche pas, c’est son côté Mountie, vous savez ces policiers canadiens qui n’abandonnent jamais leur proie.

Après tout, de même qu’une visite d’Albert II en Flandre n’est pas complète sans les quatre manifestants de Voorpost, de même qu’une visite de Philippe et Mathilde en Wallonie n’est pas non plus complète sans les trois dames qui se relaient pour crier : « Viveleroiviveleroivivelareine », aucun séjour belge de Bernard-Henri Lévy ou de Bill Gates n’est complet sans un petit coucou de Le Gloupier à la caméra, merci et au revoir.

Mais, l’autre jeudi, les policiers ont fait de leur mieux pour monter ce non-événement en épingle. Gates était tranquillement installé au palais d’Egmont, à discourir doctement, protégé par quelques murs épais et un service d’ordre, lui aussi épais. Quand, une centaine de mètres plus loin, notre Zorro a voulu mettre un pied sur la place devant le palais, il en a été empêché par les forces de l’ordre, désireuses de prouver que, de temps à autre, elles parviennent à mettre la main sur un criminel, il suffit juste qu’une armée de caméras et de micros le désigne clairement.

Puis, devant ladite armée qui n’en demandait pas tant, les policiers ont procédé à l’interpellation de ce dangereux individu, ainsi que des trois cartons à tarte qu’il avait emportés avec lui. Des cartons vides, mais on n’est jamais trop prudent.

Inutile de le dire: c’est de cette arrestation que toute la presse a parlé, la raison de la venue de M. Gates passant totalement à l’as.

Nous ne devrions pas, mais, devant l’échec patent de sa stratégie, oserions-nous suggérer à la police d’en adopter une nouvelle? Quand Le Gloupier arrive avec une intention méchante, pourquoi ne pas l’accueillir à bras ouverts, lui dérouler le tapis rouge, lui prendre son vestiaire?… Désorienté par une gentillesse à laquelle il n’est pas habitué, notre entarteur risque bien de ne plus savoir ce qu’il fait là, ni qui il doit entarter.

Mieux même: pour achever de le rendre inoffensif, il suffirait de lui décerner une quelconque médaille, voire de lui conférer un titre de baron. Après tout, ça a bien marché avec les Beatles: quand la reine d’Angleterre les a anoblis, ils se sont tout de suite calmés.

Il sera alors bien temps de penser à créer une ligne de produits dérivés Le Gloupier: tartes, bombe de Chantilly, manuels pratiques. Ca devrait bien marcher à l’étranger, notre balance commerciale ne s’en porterait que mieux, et ça nous permettrait de renouveler quelque peu nos gloires nationales. Parce qu’on dira ce qu’on voudra de notre entarteur, mais il est quand même plus vivant que Brel, Hergé, Simenon et Magritte réunis.

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