La BD, enfin légitime ?

Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

Après des années de purgatoire, la bande dessinée est désormais en passe d’être un art à part entière.

C‘est Vraoum! Trésors de la bande dessinée et art contemporain qui avait mis le feu aux poudres en 2009. Cette exposition de la Maison rouge, mise sur pied par Pierre Sterckx et David Rosenberg, entendait prouver au plus grand nombre que rien ne s’opposait à ce que la BD s’ouvre grand les portes de l’art contemporain. Dont acte en 2010. S’il fallait ne retenir que 3 faits marquants, ils sont tout trouvés. Le premier s’est achevé le 31 octobre. La 3e Biennale du Havre affichait un sous-titre on ne peut plus explicite: Bande dessinée et art contemporain, la nouvelle scène de l’égalité. Il a suffi de 2 coups de cuillère pour que l’événement balaie le cliché vivace selon lequel la BD ne serait qu’un pis-aller à destination d’un public adolescent. Sur place, des pointures telles que Wim Delvoye, Raymond Pettibon, Jochen Gerner ou Aurélie William Levaux ont prouvé l’évidence de la bande dessinée à travers des £uvres pas forcément liées au neuvième art. Le tout pour une démonstration par la bande que le genre est un art à part entière en ce qu’il possède, tout comme l’art contemporain, une esthétique et une narratologie propres. Le second temps fort de 2010 est à n’en pas douter l’exposition consacrée à Jean Giraud à la Fondation Cartier. Ce dessinateur aussi génial que bicéphale – il évolue à la fois dans le monde western de Blueberry (Gir) et dans l’univers futuriste de l’Incal (Moebius) – signe une £uvre qui grouille de milliards de signes. Le troisième et dernier acte de cette reconnaissance s’est joué en Belgique où la galerie Baronian Francey vient d’accueillir Robert Crumb, dessinateur emblématique de la contre-culture des années 60. Pour Christian Bernard, libraire à Charleroi,  » le mouvement qui consiste à reconnaître sa légitimité à la bande dessinée relève davantage d’une lame de fond que d’une simple tendance, le cinéma semble l’avoir compris avant l’art contemporain en puisant à tour de bras dans le vaste potentiel narratif que constitue la BD  » . Dans la foulée, impossible de ne pas mentionner la galerie Champaka qui, depuis son ouverture au Sablon, une localisation stratégique, entend traiter la BD avec le même sérieux que l’art. De François Avril à Ever Meulen, en passant par Yslaire, l’adresse accueille les signatures les plus prestigieuses du neuvième art.

MICHEL VERLINDEN

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