Julia Lezhneva, nouvelle diva

En 2012, elle médusait La Monnaie dans Les Huguenots de Meyerbeer… Elle s’affirme aujourd’hui comme soprano-star de l’écurie Decca. Du haut de ses 23 printemps, la Russe Julia Lezhneva rayonne désormais sur la scène lyrique.

(1) Alleluia, Julia Lezhneva, Il Giardino Armonico, Giovanni Antonini (dir.), CD Decca.

 » A ma naissance, j’ai crié si soudainement que le médecin m’a presque fait tomber en s’exclamant :  »C’est une chanteuse d’opéra née ! »  » Cette fée médicale ne croyait pas si bien dire…Quiconque a entendu ses enregistrements d’airs de Rossini n’aura pas besoin d’être convaincu des facultés de Julia Lezhneva.Couvrant un répertoire allant du baroque et du belcanto à la musique romantique, elle impressionne par sa voix d’une pureté et d’une étendue remarquables. Techniquement, on n’a pas entendu ça depuis Bartoli, les intonations sont justes, les trilles saisissantes, le timbre homogène du grave à l’aigu.  » Ma voix a mûri précocement. Je me rappelle avoir étonné un jour ma mère en imitant, dans la salle de bain, de célèbres cantatrices.  » Pour rester dans le rayon bonne fée, Julia profite du soutien inconditionnel de dame Kiri Te Kanawa :  » De temps à autre apparaît un talent vraiment exceptionnel, et je crois que Julia est précisément cela « , se plaît-elle à répéter.

Sa collaboration avec le chef Marc Minkowski lui met le pied à l’étrier :  » Marc a toujours cru en moi. Je rêvais de chanter la Messe en si de Bach, et il m’a donné la possibilité de l’interpréter et de l’enregistrer.  »  » L’été dernier, il m’a invité à Salzbourg pour chanter le rôle d’Asteria dans Tamerlano de Händel. C’était magique ! Il faut y croire à 200 % lorsqu’on chante dans l’énorme salle du Festspielhaus.  »  » Si Marc m’a beaucoup appris, nuance- t-elle, je dois évoluer sur mon propre chemin. Mon enregistrement actuel avec Giovanni Antonini constitue une étape pour moi.  »

Et c’est banco ! Son anthologie de motets (1) figure parmi les événements musicaux de 2013.

 » L’idée de choisir des motets est venue de l’Exsultate jubilate de Mozart, mon oeuvre fétiche. J’ai été séduite par l’idée de prendre un motet de quatre grands compositeurs du xviiie siècle et de montrer l’évolution du genre : de Vivaldi et Händel jusqu’à Mozart, en passant par le style galant de Porpora.  » Qui dit  » motet  » suggère plutôt la distance spirituelle ?  » Bien sûr, c’est de la musique sacrée, mais ces oeuvres exhalent une vivacité très italienne. Elles s’ouvrent à l’esprit d’un concert autant qu’à celui d’une cérémonie. Très populaires, les motets étaient considérés comme des concerts pour la voix, avec une part belle faite aux qualités créatrices de l’interprète. Ecoutez Vivaldi, son In furore est un chef-d’oeuvre. C’est comme une étreinte musicale pour neutraliser la détresse. C’est vraiment excitant pour une chanteuse.  »

Et des projets à revendre ! Dans quelques mois, elle chantera pour la première fois aux côtés de René Jacobs dans l’oratorio Il trionfo del Tempo de Händel.  » Ah maestro Jacobs, je suis très impressionnée de travailler avec lui. Je m’apprête également à faire mes débuts en Rosina du Barbier de Séville au Théâtre des Champs-Elysées, en juin 2013.  » Quant au public belge, il vient de lui faire un triomphe :  » Cela me rappelle ma Russie. Les gens vous écoutent avec un respect quasi religieux, puis ils éclatent à la fin, impossible de les épuiser même avec les meilleurs bis.  »

Philippe Marion

On n’a pas entendu cela depuis Cecilia Bartoli

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