Inverser la logique de décarbonation

Le Vif

Dans une interview récente, Carlos Tavares, le directeur général du groupe automobile Stellantis, résume l’ineptie des politiques actuelles visant la décarbonation de l’économie. Il considère que l’on travaille à l’envers, notamment en imposant au pas de charge la mutation du moteur thermique vers l’électrique (avec des conséquences pour son secteur). Ce bouleversement majeur ne profitera aucunement au climat si l’électricité qui a servi à fabriquer la voiture ou à la faire rouler provient de la combustion du charbon (40% de l’électricité mondiale), du pétrole ou du gaz. De la même manière, quel est l’avantage pour le climat de rénover une passoire thermique si la source d’énergie du chauffage reste fossile? L’habitant profitera bien sûr du confort amélioré, mais ce n’est pas la différence de consommation de combustible inchangé qui aura un effet suffisant sur la diminution des émissions de CO2 au niveau souhaité par les climatologues. La logique devrait reposer sur une séquence simple: d’abord généraliser la production d’énergie non carbonée (ce qui permet d’anticiper la raréfaction inéluctable des combustibles fossiles), ensuite l’acheminer vers les utilisateurs par des réseaux de transport robustes (voir le problème de charge des voitures, ou les décrochages des onduleurs des panneaux photovoltaïques) pour enfin permettre une utilisation respectueuse de l’effet de serre. Cette approche est bien plus intelligente et efficace que de culpabiliser le citoyen lambda, notamment avec son empreinte carbone individuelle, ou d’obliger le secteur automobile à produire des voitures qui resteront encore longtemps trop chères, au-delà du seuil d’acceptabilité de la majorité de la population.

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