Inquisition ?

Tout candidat éducateur ou enseignant dans l’enseignement de la Communauté doit introduire sa demande conformément aux règles statutaires en matière de recrutement dans ce réseau. Cette année, chacun des candidats doit fournir le « modèle 2 » du certificat de bonnes conduite, vie et moeurs, demandé pour accéder à une activité qui relève de l’éducation, de la guidance psycho-médico-sociale, de l’aide à la jeunesse, de la protection infantile, de l’orientation ou de l’encadrement des mineurs (Circulaire du 1 er juillet 2002, du Ministre de l’Intérieur Antoine Duquesne, adressée aux Gouverneurs de Province et aux Bourgmestres).

Louable dans sa justification, – il s’agit de prévenir les affaires de pédophilie – cette exigence interpelle sur deux plans: celui de la procédure d’établissement dudit certificat, et celui de la discrimination que cette règle, telle qu’elle est actuellement mise en oeuvre, risque de concrétiser au sein même du personnel de l’enseignement de la Communauté.

En ce qui concerne la procédure, la presse a fait récemment un assez large écho aux malencontreuses bavures qui lui ont été rapportées ça et là. Visites au domicile des personnes concernées, interrogatoires serrés, tant de ces dernières que de leur voisinage, sur des faits touchant le plus souvent à la vie privée. Ces égarements sont causés par le fait qu’il a été laissé à chaque police locale l’initiative d’imaginer les divers devoirs auxquels elle recourra pour argumenter l’avis exigé par la circulaire du 1 er juillet. Il est bon de rappeler que cette circulaire se limite à indiquer que « L’autorité locale peut tenir compte de tous les éléments de fait possibles permettant d’émettre un jugement exact sur la conduite générale et les moeurs de la personne concernée ».

Pour ce qui est de la discrimination, outre celle qui distingue maintenant le citoyen commun de l’enseignant ou de l’éducateur en général, la simple application de telles directives conduit à rompre le principe d’égalité des chances entre les candidats éducateurs ou enseignants dans l’enseignement de la Communauté pour ne considérer que ce pouvoir organisateur, le seul amené bien malgré lui à essuyer les plâtres à ce moment de l’année. Chaque police locale appliquant sa propre méthode d’investigation, elle conduit ipso facto, qu’elle le veuille ou non et quel que soit son souci d’objectivité, à créer une inacceptable disparité dans l’ensemble des dossiers des candidats. Plus grave, aucun recours n’étant possible, la porte est ainsi ouverte aux ségrégations injustifiées, voire aux inadmissibles passe-droits. (…)

Constantin RAVET-RIGOT, Inspecteur honoraire de l’Enseignement de la Communauté, Mons.

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