» Il y a des raisons d’être inquiet « 

Elias Sanbar, historien, fondateur de la Revue d’études palestiniennes, est ambassadeur de Palestine à l’Unesco

Quelles vont être, pour les Palestiniens, les conséquences du retrait d’Ariel Sharon ?

Il va créer un vide. Evidemment pas un vide institutionnel, car les institutions israéliennes fonctionnent, mais un vide politique. Et cela d’autant plus que ce retrait intervient dans une période de grandes incertitudes, tant du côté israélien que du côté palestinien. Toutes les formations politiques israéliennes sont en proie à des luttes internes, y compris le parti que venait de créer Sharon. Dans ce contexte d’effritement, le Premier ministre ne pourra être qu’un Premier ministre de transition. Il n’aura pas les moyens d’engager son pays dans quoi que ce soit de fondamental, notamment en ce qui concerne les négociations avec les Palestiniens. En clair, nous n’aurons plus d’interlocuteur.

Il faudra donc attendre les prochaines élections israéliennes, en marsà

E Oui. Et c’est d’autant plus problématique que nous sommes nous aussi en période préélectorale, avec une situation interne tendue, notamment dans la bande de Gaza, où l’Autorité palestinienne peine à exercer son contrôle, en particulier sur les groupes armés. Tandis que, au plan régional, la conjoncture est caractérisée par une multiplication des pôles d’incertitude : l’Irak, l’Iran, avec la question du nucléaire, la Syrie et le Libanà Autant de crises qui rendent la situation extrêmement volatile.

D’où l’inquiétude exprimée par Mahmoud Abbas, chef de l’Autorité palestinienne ?

E Il y a en effet des raisons d’être inquiet. Déjà, avec Sharon, il n’y avait pratiquement plus aucune avancée. Que dire si nous n’avons même plus d’interlocuteur ? Cela risque d’être encore plus difficile.

Y compris sur le terrain, en Palestine ?

E Cela ne va pas forcément empirer, mais l’abcès de fixation actuel ne pourra pas être résorbé si tout est bloqué.

Qu’est-ce qui pourrait donc modifier la donne ?

E Que feront les Etats-Unis ? Vont-ils laisser les choses continuer à pourrir ? Ou bien vont-ils chercher à combler le vide laissé par la disparition politique d’Ariel Sharon en reprenant la main ? Les deux hypothèses sont possibles. Une avancée sur le dossier palestino-israélien leur permettrait incontestablement de marquer un point dans une région où ils accumulent pour l’heure les échecs. Reste à savoir s’ils saisiront cette chance.

D.L.

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