» Il faut moderniser notre Etat « 

Luca Cordero di Montezemolo préside Fiat. Il veut réduire le fossé entre classe politique et pays réel.

On l’appelle  » il Pluripresidente « . Président de Ferrari, de Fiat, de la Foire internationale de Bologne, le marquis Luca Cordero di Montezemolo trouve aussi le temps de présider la Luiss (l’Université libre internationale des études sociales), un établissement universitaire privé romain. Figure clé de l’establishment transalpin – il fut aussi à la tête de la Confindustria, le Medef italien, entre 2004 et 2008 – ce patricien n’a jamais caché ses craintes sur l’évolution de la péninsule ni ses critiques à l’encontre de Silvio Berlusconi. Les analystes spéculent sur sa future entrée dans l’arène politique, même si, pour l’heure, il repousse cette perspective.

Le Vif/L’Express : Vous allez prochainement rendre publique une nouvelle initiativeà

Luca Cordero di Montezemolo : Oui. Devant le succès enregistré par la Luiss, où le nombre de candidatures a augmenté de 70 % depuis cinq ans, nous avons décidé de créer, l’automne prochain, une  » école de gouvernement  » sur le modèle de la prestigieuse Kennedy School of Government de Harvard (Massachusetts). Cette formation visera à inculquer aux futurs hauts fonctionnaires italiens une approche managériale ouverte sur le marché, et non plus seulement dominée par le droit et les sciences politiques.

Pourquoi cette initiative ?

Nous devons former une génération de managers publics mieux préparés à l’Europe et à l’international, qui fait aujourd’hui défaut à l’Italie, comme on le voit à Bruxelles et dans les organisations internationales. Ce pays a besoin d’un management public moderne, c’est-à-dire professionnalisé et non plus dépendant des partis et des hommes politiques.

En créant cette école, vous tentez de pallier la faiblesse historique de l’Etat italienà

Oui. Il faut améliorer le fonctionnement de l’Etat italien. Le contraste est incroyable entre le dynamisme des Italiens pris individuellement ou leurs PME, fantastiques, et l’état de notre administration publique.

Cette école a-t-elle vocation à devenir une pépinière de futurs hommes politiques ?

C’est une question à 100 millions de dollars ! Ce n’est pas son objectif principal, mais pourquoi pas ? Ce qui est sûr, c’est que notre classe politique doit changer. Jamais le fossé entre il Palazzo [NDLR : métaphore qui désigne habituellement le système politique] et le pays réel n’a été si large. Croissance anémiée, chômage élevé, crise morale : nous faisons face à une situation très difficile. Depuis notre qualification pour l’euro, aucun gouvernement n’a entrepris de réforme structurelle importante. Il est urgent de récupérer une vision pour l’avenir et de retrouver le respect des institutions.

Propos recueillis par Jean-Michel Demetz

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