Hongrie La gauche torpillée

Avec l’arme du référendum, la droite a porté un coup fatal au plan d’austérité du Premier ministre socialiste. Et à son gouvernement, désormais minoritaire.

Pour saboter les réformes, rien ne vaut la démagogie. A Budapest, l’opposition de droite populiste, emmenée par le parti Fidesz, l’a bien compris, en prenant l’initiative d’un référendum sur la question suivante :  » Voulez-vous que l’université et la médecine restent gratuites ?  » Les Hongrois ont massivement répondu oui, le 9 mars dernier. Le paiement de 1,20 euro par consultation médicale, introduit en janvier, et le droit d’inscription à l’université, fixé à 400 euros, sont donc abolis. Ces mesures faisaient partie du plan d’austérité mis en £uvre par Ferenc Gyurcsany, Premier ministre (socialiste) depuis 2004. Le déficit budgétaire abyssal – le plus élevé au sein de l’Union européenne – est passé de 9,2 % du PNB en 2006 à 5,7 % en 2007.

Le plus étonnant est que la Cour constitutionnelle ait avalisé le référendum :  » La loi fondamentale interdit toute consultation populaire liée au budget de l’Etat, souligne Gabor Halmai, professeur de droit. Un gouvernement ne peut plus travailler si son programme est torpillé par des référendums.  » La Cour constitutionnelle est devenue un organe politique dominé par des juges loyaux envers la droite, selon de nombreux observateurs.

L’assurance-maladie privatisée ?

Reste que la gauche au pouvoir a sans doute scié une partie de la branche sur laquelle elle était assise… Ferenc Gyurcsany a mal communiqué sur son programme de réformes, mené sans consultation. Quant au Parti libéral, qui détient le portefeuille de la Santé, il est soupçonné d’avoir fermé des hôpitaux bien situés afin de faire de juteuses opérations immobilières. Pour le politologue Istvan Stumpf, ancien ministre de la Fidesz,  » le chef du gouvernement a perdu toute crédibilité. Or, pour mener des réformes importantes, il faut le soutien de la société. Les Hongrois ne sont pas contre les réformes, et la droite les poursuivra « .

Gyurcsany a annoncé la suspension de la privatisation partielle de l’assurance-maladie, pourtant déjà approuvée par le Parlement. Du coup, le Parti libéral a annoncé qu’il quittait la coalition. Devenu minoritaire, le gouvernement pourra-t-il rester en place jusqu’aux élections de 2010 ? Des législatives anticipées semblent probables. Que la droite remporterait haut la main, sans doute. Au prix d’une certaine démagogie… l

Florence La Bruyère

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