Happy Birthday, Ivry Gitlis !

Barbara Witkowska Journaliste

L’un des plus extraordinaires violonistes des XXe et XXIe siècles fête cette année son 90e anniversaire. Il partagera ce grand moment avec quelques stars au Palais des Beaux Arts.

Ivry Gitlis aime beaucoup la Belgique qu’il fréquente depuis… 1936. Depuis plusieurs années, il nourrit des relations très privilégiées avec Musica Mundi, ce dynamique stage et festival international de musique de chambre, destiné aux très jeunes talents et qui, en 2012, en sera à sa 14e édition. Les adolescents-musiciens en herbe adorent ce  » grand-père  » chaleureux, plein d’humanité, généreux, toujours prêt à partager son savoir. Ce sont donc eux qui tenaient absolument à cette idée d’organiser une soirée d’hommage et d’anniversaire, en y conviant aussi Martha Argerich, Maxim Vengerov, Mischa Maisky, Steven Isserlis, Janine Jansen, Katia Buniatishvili, ainsi que d’autres invités  » surprise « .

Quand Ivry Gitlis vient en Belgique, il aime se poser dans un hôtel à Waterloo. C’est donc là-bas que nous l’avons rencontré, un après-midi glacial en mars. Cheveux en bataille, plusieurs pulls et écharpes superposés (il est très frileux !), démarche dynamique, sourire immense et regard pétillant, notre homme a une pêche d’enfer. Apparemment, la musique conserve.

Il est évidemment très ému à l’idée de cette grande soirée, conçue par Musica Mundi.  » Ce sera l’occasion de revoir tous les amis, notamment Martha Argerich. On se connaît depuis 44 ans. Il y a entre nous, un amour qui n’a rien à voir avec l’amour. J’ai une fascination pour elle, c’est une perle unique qui n’appartient à personne.  » Un anniversaire, c’est l’occasion de revenir aux sources.

Ses sources à lui, c’est la Palestine, Haïfa, plus précisément, où il est né en 1922.  » Enfant, je voulais un violon, c’était une histoire d’amour. A l’époque, il n’y avait ni bourses ni mécènes. La famille et les amis se sont cotisés pour m’en acheter un.  » Ivry est un enfant prodige. Il n’a que sept ans quand il se produit pour la première fois sur scène. Un triomphe. On le pousse à poursuivre la formation au conservatoire de Paris. Après un long voyage en bateau,  » en quatrième classe « , il débarque, enfin, dans la capitale française en compagnie de sa mère, avec trente francs en tout et pour tout. Très vite, il travaille avec les plus grands violonistes de l’époque, notamment Jacques Thibaud et Georges Enesco.  » A l’été 1936, j’ai travaillé à Spa avec le violoniste hongrois Carle Flesch. De cette époque date ma tendresse pour la Belgique.  » L’entre-deux-guerres est une période bénie.  » Personne ne pensait à la « carrière ». Faire de la musique était notre raison de vivre. C’était une forme d’existence. « 

La musique le mène aux quatre coins du monde. Il joue avec les orchestres les plus prestigieux et les chefs les plus réputés. Il sait aussi se donner, comme ambassadeur de l’Unesco, comme partisan du processus de paix israélo-palestinien (en participant au gala d’Oslo commémorant l’anniversaire des accords de paix). C’est là la force de la musique : elle peut apporter la paix car elle oblige à dialoguer et à se respecter. Parfois, il s’offre aussi des petits plaisirs, en accompagnant au violon Brian Jones des Rolling Stones dans un clip ou en apparaissant sur grand écran, notamment dans  » Adèle H.  » de François Truffaut.  » Faire acteur, c’est moins cher que d’aller chez le psychiatre « , dit-il. Il continue, bien sûr, à donner des concerts,  » la musique m’apporte tout ce que je lui apporte, le calme « , mais son investissement se concentre avant tout dans la transmission. Et quel est son message à l’adresse des jeunes ?  » Je ne suis pas assez prétentieux pour donner des conseils et des messages. Je vous en donnerai un seul : soyez vous-même ! « 

Le lundi 16 avril, 20 h, Palais des Beaux-Arts, www.bozar.be

BARBARA WITKOWSKA

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