Emmanuel Dekoninck (debout) et Gaël Soudron adoptent le schéma clownesque de l'Auguste et du clown blanc dans une version minimaliste d'Hamlet. © Yves Druart

Hamlet à deux

Après le report de sa mise en scène de Lucrèce Borgia à Villers-la-Ville, Emmanuel Dekoninck n’a pas baissé les bras. Il tourne actuellement avec Le Prince de Danemark, version clownesque et minimaliste de Hamlet.

C’est l’été des plans B. Le 13 mars dernier, Emmanuel Dekoninck voyait sa version d’ Hamlet, avec dans le rôle-titre Thomas Mustin, alias Mustii, arrêtée en pleine tournée. Un peu plus tard, il devait digérer le report à 2021 de Lucrèce Borgia, prévu cet été dans les ruines de l’abbaye de Villers-la-Ville. Mais le comédien, auteur et metteur en scène ( Alive, Tableaux d’une exécution, L’Ecume des jours…) a trouvé une parade aux conséquences du coronavirus : adapter pour le tout public (à partir de 10 ans) Le Prince de Danemark, petite forme créée en 2018, où il joue lui-même avec Gaël Soudron, et destinée au départ aux écoles.

 » Il s’agit d’une version minimaliste d’ Hamlet, qui traverse absolument toutes les thématiques de la pièce de Shakespeare, explique-t-il. Dans cette version, il y a deux personnages. L’un des deux est Hamlet, mais il ne le sait pas. Il sait juste qu’il est là pour accompagner son pote – on se rend compte plus tard qu’il s’agit d’Horatio, seul survivant à la fin de la pièce de Shakespeare – et pour parler de théâtre, même si le théâtre, ça ne l’intéresse pas plus que ça. On utilise ici le schéma clownesque assez classique de l’Auguste et du clown blanc, l’Auguste étant plutôt Hamlet, dépassé par les événements, un peu maladroit, et le clown blanc étant Horatio.  »

Le théâtre, à quoi ça sert ?

A la façon de Pirandello et de ses Six personnages en quête d’auteur, Emmanuel Dekoninck met en scène des protagonistes qui prennent conscience de leur état de créatures de papier, dans un processus de mise en abyme.  » On joue sur la question du personnage, sur cette particularité du théâtre qui fait que les choses sont à la fois complètement réelles et complètement imaginaires, précise le metteur en scène. Cette mise en abyme est d’autant plus intéressante que la pièce de Shakespeare l’exploite déjà en plaçant la question du jeu au centre du propos. Hamlet est un personnage pour qui l’action ne fait pas sens et qui, plutôt que de passer à l’action, se met à jouer, à jouer la folie et puis à mettre en scène une pièce de théâtre qui représente le meurtre de son père.  »

Dans ce théâtre qui se met lui-même en scène, Le Prince de Danemark en profite pour interroger les raisons d’être de cet art vivant, que la pandémie a eu vite fait de classer parmi les activités dites  » non essentielles « . Le théâtre, à quoi ça sert ? Pour répondre à cette question, Emmanuel Dekoninck a publié un petit livre illustré, Pourquoi le théâtre ? A l’attention de ceux qui s’en fichent complètement.  » A partir du moment où l’homme a été suffisamment intelligent pour prendre conscience de sa propre mort, il est devenu compliqué de trouver du sens à sa vie. Le théâtre, c’est une possibilité de lecture du monde, de la matière imaginaire pour donner soi-même du sens.  » Un acte plutôt essentiel, non ?

Le Prince de Danemark : le 8 août à Court-Saint-Etienne, le 9 à Vielsalm, le 15 à Louvain-la-Neuve, le 19 à Grez-Doiceau, les 20 et 21 à Charleroi, le 22 à Braine-l’Alleud, le 28 à Jodoigne, le 29 à Incourt, le 30 à Chaumont-Gistoux, le 5 septembre à Ramillies, le 6 à Tubize. lesgensdebonnecompagnie.be

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire