Guerre des mètres à la Tour des finances

Illégale ou pas, la Tour des finances actuellement en construction dans le quartier des Guillemins ? La SNCB Holding l’affirme. La Ville, la Région et le propriétaire s’en défendent. Ce sera au Conseil d’Etat de trancher.

Le chantier ressemble à une ruche. De jour comme de nuit, les ouvriers s’activent. Comme si la menace de devoir tout arrêter ne planait pas. Ou, justement, pour prendre un maximum d’avance au cas où ils devraient ranger leurs outils pour une durée indéterminée ? Une chose semble certaine : les cinq étages déjà érigés de la Tour des finances ne seront pas détruits. Même si le Conseil d’Etat se rallie à l’avis du premier auditeur dévoilé fin août et décide d’annuler le permis précédemment accordé. L’arrêt du Conseil d’Etat est attendu sous peu. Il sifflera la fin d’un conflit qui se cristallise autour d’une question de hauteur et qui oppose la SNCB Holding d’une part, la Région wallonne, Fedimmo (filiale de la sicafi Befimmo, possédant 62 bâtiments publics) et la Ville de Liège, d’autre part.

La Tour des finances doit surplomber la Meuse à 118 mètres (27 étages) sans oublier une flèche de 18 mètres chapeautant le tout. Le résultat d’un investissement de 95 millions d’euros. Trop imposant, aux yeux de la SNCB. Après tout,  » sa  » gare ne dépasse pas les 40 mètres et est censée être le clou du quartier. Surtout, l’opérateur public juge que l’édifice ne respecte pas le PRU (périmètre de remembrement urbain) qui, en 2007, prévoyait que la tour s’élèverait à 85 mètres. Le permis serait donc illégal puisqu’accordé à partir d’une enquête publique biaisée. La Région wallonne, Fedimmo et la Ville avancent – en résumé – que le PRU n’est pas une norme contraignante et qu’ils pouvaient dès lors se permettre certaines modifications a posteriori. Tout en affirmant que la procédure enclenchée par la SNCB Holding aurait pour buts non avoués de relancer un marché public auquel elle pourrait soumissionner et d’éviter que la Tour ne fasse de l’ombre à son projet d’immeuble de bureaux situé rue du Plan incliné…

Gros retards en perspective

 » Nous sommes des légalistes, nous pensons que la loi doit être respectée « , répond Louis Maraite, porte-parole de la société de transport. Après avoir été déboutée sur la forme en 2012 pour son recours introduit en urgence (les riverains, initialement associés à la procédure, avaient fini par se retirer après dédommagement financier de Fedimmo), la SNCB Holding pourrait cette fois gagner son second recours, sur le fond. En tout cas si le Conseil d’Etat suit l’avis rendu par son premier auditeur, comme cela arrive 9 fois sur 10…

 » Dans le pire des cas, il faudra procéder à la remise d’un nouveau permis, avance le porte-parole du ministre Ecolo de l’Aménagement du territoire, Philippe Henry. Cela nous ferait perdre du temps mais il ne serait pas question de destruction.  » Autre option : la justice reconnaîtrait que le permis est valable pour une tour de 85 mètres, mais pas au-delà. Ce qui forcerait Fedimmo à revoir ses plans pour caser ailleurs une partie des fonctionnaires. Et qui poserait un problème de rentabilité, celle-ci n’étant apparemment possible que grâce aux étages supérieurs.  » Quoi qu’il arrive, cela risque non seulement de retarder le chantier mais aussi toute une série de projets annexes dans le quartier des Guillemins « , soupire-t-on à la Ville de Liège. Les premiers occupants du bâtiment ne débarqueront peut-être pas début 2015, comme l’annonce Fedimmo sur son site Web…

M. Gs.

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