Frank Vandenbroucke aime le français

Frank Vandenbroucke, ministre flamand de l’Enseignement, va rencontrer son homologue francophone Christian Dupont pour parler de… l’enseignement du néerlandais. Mais au fait, en Flandre, comment apprend-on le français ? Leçons.

L’Université catholique de Louvain a eu l’idée de les réunir lors d’un colloque, ce vendredi 17 octobre, et ils n’ont pas dit non. Christian Dupont (PS), ministre de l’Enseignement en Communauté française va donc débattre avec son homologue flamand Frank Vandenbroucke (SP.A). Par ailleurs ministre régional de l’Emploi et de la Formation, ce dernier est également négociateur insti-tutionnel. Autour du problème des langues, une réunion fondatrice ?

Le Vif/L’Express : Il est facile de fustiger les francophones qui ne parlent pas – ou trop mal – le flamand. Mais les jeunes néerlandophones ne faiblissent-ils pas en français ?

E Frank Vandebroucke : Sans preuves formelles, certains signes semblent l’indiquer. Face à ce risque, je ne tiens aucun message de complaisance, au contraire. En matière d’apprentissage des langues, je vais mettre la barre plus haut.

Le français figure-t-il parmi vos priorités d’apprentissage ?

EAbsolument. Pour nous, la deuxième langue nationale est celle qu’il faut absolument apprendre. De plus, nous vivons aussi à proximité de la France et du Luxembourg. Certains parents, flamands ou francophones, se font piéger par la domination de l’anglais dans le monde. Je le regrette.

Comment comptez-vous améliorer le niveau de français ?

EDans l’enseignement général ou technique, tous les jeunes apprendront deux langues étrangères. Et dans le professionnel, c’est une nouveauté que j’impose, nous introduisons l’apprentissage d’une langue étrangère – qui sera le français, j’espère.

Comment comptez-vous y parvenir ?

EPar exemple, nous avons réécrit les compétences de base des enseignants du primaire : leurs connaissances linguistiques, dans leur langue maternelle et en français, seront renforcées. Les socles de compétences des élèves vont également être revus pour le flamand, le français et l’anglais. Avant, on axait trop les connaissances sur le théorique. Actuellement, on privilégie la communication en négligeant les bases. Nous allons revenir à un juste milieu.

Ministre SP. A, vous effectuez un retour vers le système traditionnel ?

ENon. Mais il faut redonner des certitudes aux enseignants.

Pourquoi pas des écoles bilingues ?

ECeux qui avancent des plaidoyers en leur faveur me paraissent très naïfs. Beaucoup de jeunes d’origine étrangère sont déjà en immersion linguistique dans nos écoles ! Avant tout, ils doivent parler convenablement le néerlandais. Sinon, cela réduit leurs chances de réussite scolaire.

Vous rejetez le principe de l’immersion dans une autre langue nationale, système qui séduit un grand nombre de francophones ?

EJe veux d’abord une  » immersion réussite  » en néerlandais. Le chômage, chez nous comme à Bruxelles, touche prioritairement les jeunes qui ne maîtrisent aucune langue convenablement. Cela ne nous empêche pas de tester, dans neuf écoles, des expériences de cours donnés en anglais ou en français.

Avez-vous l’impression de progresser à un autre rythme que les francophones ?

ENous collaborons ! Avec le ministre Christian Dupont, nous avons lancé un système d’échanges très intéressant : des professeurs de flamands vont enseigner leur langue chez les francophones et vice versa. Sur base volontaire, des écoles primaires participent à ce projet d’enseignants  » native speaker « . Aucune école secondaire n’a encore suivi.

En matière d’enseignement linguistique, qu’est-ce que les francophones devraient mieux comprendre ?

ELe néerlandais est la première langue étrangère qu’ils doivent maîtriser. Et pour cela, comme nous, ils se doivent d’être plus exigeants. La langue est un obstacle majeur qui empêche de trouver un emploi.

Entretien : Pascale Gruber

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