Fnac à la grecque

Le leader français de biens culturels s’implante à Athènes. Et, pour séduire, adopte les couleurs locales

Patrick Salomon, directeur général de la Fnac en Grèce, a dû batailler pour imposer l’enseigne au pays d’Homère. Sur le plan personnel d’abord : certains l’avaient rebaptisé  » Salmon  » ; et puis, avec leur accent, les Grecs prononçaient  » snac  » pour évoquer l’entreprise. Bref, il s’en est fallu de peu que le leader de la distribution de biens culturels en France s’implante au beau milieu de grandes surfaces alimentaires ! Le 5 décembre, c’est finalement à Maroussi, dans la banlieue nord d’Athènes, que la direction du groupe a inauguré avec solennité ce premier magasin en Grèce, également 49e point de vente de la maison à l’étranger (voir l’encadré). En tout, 2 200 mètres carrés aménagés selon un nouveau concept mis en place cette année, qui refond la circulation, la signalétique et le mobilier de chaque magasin. Mais, comme toujours hors de France, la Fnac s’installe en adoptant la couleur locale : celles de Barcelone offrent ainsi des livres en catalan tout comme celle de Bruxelles dispose d’ouvrages en néerlandais. Les magasins brésiliens abritent un rayon papeterie et ceux de Taïwan possèdent des espaces de jeu pour les enfantsà A Athènes, l’enseigne se veut grecque en Grèce.

Associée au groupe Marinopoulos, l’un des premiers distributeurs du pays, la Fnac a recruté sur place la quasi-totalité de ses 70 salariés chez ses concurrents et ses fournisseurs. Tel Panagiotis Kakoulidis, responsable livres, un ancien libraire, comme son père et son grand-père.  » C’est la meilleure façon d’avoir une connaissance pointue du marché et de coller aux attentes des clients « , explique Stéphane Mangin, directeur commercial et l’un des trois Français expatriés.

Mais cette stratégie du caméléon se reflète d’abord dans les produits proposés. Prenez le département disques : ici, la chanson grecque représente encore 40 % de la musique vendue. N’allez pas croire que le bac sirtaki est pléthorique ; les groupes anglo-saxons sont simplement moins nombreux, et la clientèle leur préfère les CD de Haris Alexiou, la Patricia Kaas locale. Côté livres, on a bien sûr fait la part belle aux auteurs contemporains  » incontournables « , telle Eugénia Fakinou, mais la direction cherche aussi à surprendre. En proposant un rayon d’ouvrages en anglais et en français – l’album Paris- Doisneau se vend très bien – et des livres de poche, qui restent l’exception comme voilà quelques années au Portugal. Même démarche innovante avec le matériel technique. Alors que la Grèce demeure le plus faible utilisateur d’Internet en Europe, la Fnac d’Athènes présente un large choix d’ordinateurs portables. Tous en fonction. Car les Grecs – des consommateurs  » impulsifs « , paraît-il – aiment par-dessus tout essayer les produits, qu’ils règlent, autre singularité, en espèces.

Pour le reste, l’acclimatation passe par le respect de la réglementation sociale. Avec ses surprises. Ici, le salaire minimum s’arrondit si vous êtes marié, si vous avez des enfants ou bien un diplôme, quel qu’il soit. Patrick Salomon reconnaît avoir découvert récemment que les lendemains de Noël et du Nouvel An ainsi que l’Epiphanie étaient fériés. L’état-major de la Fnac n’en demeure pas moins optimiste : il est prévu d’ouvrir en Grèce huit magasins d’ici à 2010.

Bruno Abescat

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