Feu sur les idées reçues

(1) Manuel de survie à la pensée unique, Labor/Espace de Libertés, 96 pages.

(2) La Découverte, 238 pages.

Elle n’est plus ce qu’elle a été : l’effondrement de la  » nouvelle économie « , le krach boursier, les scandales financiers, la chute de la croissance, le 11 septembre 2001 et, peu à peu, l’enlisement en Irak ont raison de la  » pensée unique « . Cette  » visqueuse doctrine  » û comme l’a baptisée le Monde diplomatique û a pourtant longtemps pu efficacement traduire, en une vraie utopie à vocation planétaire, les intérêts des grands groupes transnationaux.

Au départ, cette  » bonne parole  » a été confinée à certains cercles intellectuels, officines de réflexion et autres institutions économico-financières. Mais répétées à satiété par des journalistes crédules, des essayistes à l’esprit critique chétif et des responsables politiques aux convictions vacillantes, elle a fini par biaiser notre regard sur le monde. Au point de nous faire croire au bien-fondé d’une vaste entreprise de régression sociale rendant le quotidien éprouvant pour le plus grand nombre.

Ce dogmatisme néolibéral n’a pourtant jamais été autre chose qu’un bricolage d’idées toutes faites, de clichés, d’assertions grossières, qui, pour l’essentiel, tendaient à faire passer le marché pour un fait de Nature, la libéralisation pour un mécanisme forcément vertueux et le rejet de l’Etat pour un processus nécessaire, salubre et irréversible. Des idées simplistes, mais dont la faiblesse même a fait le succès en proposant opportunément une grille de lecture facile pour déchiffrer notre globe affolé.

Mettre les sophismes de cette vulgate au clair est une tâche qui se satisfait le plus souvent de la culture de l’honnête homme (1). Mais l’éradication de la  » pensée unique « , née au c£ur de la science économique, ne pouvait se passer d’un ébranlement scientifique de ses prétendues évidences : il fallait que des experts de la discipline s’en saisissent et démontrent que, dans l’état actuel du savoir, il n’y a aucun dogme qui y vaille.

C’est chose faite avec le Petit bréviaire des idées reçues en économie (2), publié par les  » Econoclastes « , pseudonyme collectif d’un groupe issu d’étudiants français en économie en révolte contre le manque de pluralisme de son enseignement. Pédagogie convaincante.

de jean sloover

Des économistes coupent court aux certitudes martelées par leur corporation

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