La thématique du jardin est au coeur du travail sensible d'Elise Peroi. © Elise Peroi/Centre Tour à Plomb

Faire Sillons

Grosse actualité pour la jeune artiste française Elise Peroi (1990) qui a les honneurs de deux expositions-miroirs à Bruxelles. L’une au Botanique, l’autre au Centre Tour à Plomb. Arrêtons-nous sur la seconde qui cristallise un travail textile, basé sur des techniques ancestrales, autour des jardins et de l’horizontalité, alors que la proposition du Botanique déploie, quant à elle, des perspectives verticales. « A la suite de mes recherches, je me suis intéressée au lien étroit qu’entretiennent les tapis et les jardins. J’ai ainsi commencé à créer les pièces Jardin latent et Parcelle pour comprendre ce lien originel. Je me suis aperçue que ces deux espaces impliquent la notion de seuil, mais aussi cette idée de jaillissement végétal », explique cette plasticienne originaire de Nantes. Enrichie de balades poétiques, Faire Sillons aligne un corpus d’oeuvres aux contours d’installation dont tout un chacun est invité à expérimenter une notion chère aux artistes minimalistes, celle de la « physicalité » – pour mieux comprendre, rappelons ici l’opportune définition de Philippe Descola pour qui, au-delà de la simple matérialité, il s’agit d’un « ensemble d’expressions visibles et tangibles » affectant notre être profond, résonnant en nous à des niveaux insoupçonnés. Au fil des pièces, le visiteur se trouble de parallèles dont il n’avait pas conscience. Notamment de celui qui invite à penser que « l’acte de tisser se superpose et se confronte ainsi au travail de la terre, à l’acte du semeur, de l’architecte, du conteur d’histoire ». Ce rapprochement, qui s’expérimente mieux qu’il ne se décrit, brouille nos certitudes sur l’espace, les complexifie, tout autant qu’il les enrichit d’une nouvelle perspective posée sur le monde.

Au Centre Tour à Plomb, à Bruxelles, jusqu’au 10 juillet.

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