ETA : le début de la fin ?

Rumeurs et démentis. Si les séparatistes basques déposaient les armes, les négociations seraient longues

Bientôt la paix au Pays basque ? Ce qui semblait utopie il y a quelques mois encore pourrait devenir réalité. Dans trois jours ? Dans trois mois ? Nul n’ose fixer une date. Mais, après avoir beaucoup démenti, puis réclamé silence et patience, José Luis Rodriguez Zapatero change de ton :  » J’ai la conviction que nous sommes proches du début de la fin de la violence « , a annoncé, le 10 février, le président du gouvernement espagnol. Il n’en a pas fallu davantage pour que les rumeurs s’emballent : ETA déposerait les armes ! Déjà, pour Zapatero, se présente un nouveau défi : préparer l’opinion publique à ce qui devrait suivre – un long et douloureux processus de négociations avec une organisation terroriste qui, depuis sa naissance, en 1959, a fait plus de 800 morts.

Plus que l’ombre d’elle-même

Mise à mal par la coopération policière franco-espagnole, la bande armée séparatiste n’est plus que l’ombre d’elle-même. A la fin de 2004, elle a fait savoir qu’elle cherchait une porte de sortie. Zapatero avait alors juré que les discussions sur un éventuel processus de paix ne commenceraient qu’après l’annonce d’un abandon des armes clair et définitif. C’est ce à quoi pourrait enfin se résoudre ETA, lequel avait déjà proclamé une trêve, longue de treize mois, entre 1998 et 1999. Désireuse de rendre cette fois le processus irréversible, l’équipe Zapatero mobilise la société basque. Les syndicats nationalistes et non nationalistes envisagent une déclaration commune appuyant le dialogue. La Confebask, organe des patrons de la région, leur emboîterait le pas, tout comme l’ancien évêque de Bilbao et actuel président de la Conférence épiscopale espagnole, disposé à jouer les médiateurs. Et un groupe de députées basques, issues de différents partis, prépare un texte qui devrait être rendu public le 8 mars, lors de la Journée internationale de la femmeà

Seul le Parti populaire, dans l’opposition, reste en marge. Il accuse le gouvernement de  » s’agenouiller devant les terroristes « . Il faudra, il est vrai, beaucoup de pédagogie pour expliquer un éventuel processus aux familles des victimes. D’autant que les négociations porteront forcément sur le sort des 700 membres d’ETA sous les verrous et sur la réinsertion de ses militants, aujourd’hui encore dans la clandestinité. l

Cécile Thibaud

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