Les endroits énigmatiques de Patrick Van Ghendt sont à la frontière de la figuration et de l’abstraction. © Patrick Van Ghendt

Entrevoir

Le Vif

On ne sait pas grand-chose de Patrick Van Ghendt, si ce n’est qu’il est architecte. Cet élément biographique éclaire, dans le sens d’un certain regard posé sur la spatialité, la bonne vingtaine d’œuvres singulières qu’il expose pour la première fois au Salon d’ Art, à Bruxelles. Exemptes de fioritures (les estampes fixées à même le mur refusent de se soumettre à un quelconque encadrement), celles-ci séduisent d’emblée, sans qu’il soit nécessaire de convoquer une pesante théorie.

Que voit-on? Des « espèces d’espaces», comme l’a écrit Georges Perec, mis en scène sous forme de superpositions de couches. A la frontière de la figuration et de l’abstraction, ces endroits énigmatiques promettent des seuils, des replis et des portes dérobées. On ne peut s’empêcher de les comprendre à la façon d’une consolation érigée contre une pratique architecturale contrainte par les lois de la physique et celles de l’urbanisme – même s’il ne s’agit là que d’un décryptage partiel. Ces zones floues – certains détails se révèlent lorsqu’on s’approche – cultivent un onirisme apaisant, une poétique formelle de l’indéterminé. Soit une sorte de divagation territoriale éveillée dont le jeu sur la lumière et le chromatisme – à certains moments, on pense aux couleurs exsangues des tableaux d’un Luc Tuymans – renforcent le mystère. Le galeriste, Jean Marchetti, nous apprend qu’à la source de ces compositions envoûtantes, il y a des documents personnels et des archives glanées ici et là. Retravaillées sur ordinateur, les pièces en question engendrent des monotypes denses – en matière et profondeur – par le biais d’une impression d’images sur film plastique très plat, ce dernier faisant office de matrice.

Au Salon d’Art, à Bruxelles, jusqu’au 4 mars.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire