Entre souvenirs et rêveries

Guy Gilsoul Journaliste

Le parc Meli est à l’honneur au Musée de la photographie de Charleroi. On profitera de l’occasion pour découvrir l’univers d’une jeune photographe finlandaise révélé dans une deuxième exposition.

A l’heure des premiers congés payés et au moment où en bordure de Los Angeles se créait le fameux Disney World, un apiculteur passionné, Alberic Joseph Florizoone imagine le parc Meli devenu réalité avec ses abeilles et ses sorcières en plâtre peint, ses maisons champignons et son géant, son village miniature, ses rues pavées, son château fort, ses montgolfières et le tout entre des allées bien dessinées, une cascade forcément sauvage et des parterres de fleurs entourés de pelouses nettes et proprettes.

Oui, que de souvenirs et d’enfants sages sur ces photos aux couleurs souvent pâlies. A partir des années 1970, Meli entre dans la course des parcs d’attractions et multiplie les manèges. Fin des années 1990, il passe aux mains d’un nouveau propriétaire qui lui offre un nouveau nom. Ce sera Plopsaland. Les abeilles sont toujours là, mais accompagnées par Plop le nain, Piet Piraat, Wizzy et Woppy, tous héros et héroïnes des séries enfantines de la télévision flamande. Signe des temps.

Une deuxième exposition présente les £uvres de Susanna Majuri (née en 1978) qui appartient à ce qu’il est convenu d’appeler l’école d’Helsinki. L’artiste doit beaucoup à Timothy Persons, enseignant à l’Ecole supérieure des arts et du design de la ville et directeur de la galerie Païk, ambassadrice du travail des étudiants. Points communs aux quatre générations (déjà) d’artistes : 1. Une manière de voir leurs rapports avec une nature locale omniprésente et, pour tout dire, hors du temps. 2. Une méthode qui privilégie les mises en scène souvent sophistiquées.

Dans le cas de Susanna Majuri, cela donne des rêveries somptueuses et figées, romantiques, sinon mélancoliques, voire fantastiques, et toujours troublées par la présence de l’eau. Tout se passe au c£ur des remous, des bulles et des vagues, sur fond de paysages habités ou non par le passage d’un ours blanc ou d’un vol de canards. Dans ces espaces étranges évoluent des actrices-nageuses, souvent emportées par leurs longues chevelures rousses et leurs gestes à la fois alanguis et crispés. L’image ne requiert pourtant aucun truquage. En réalité, tout se fait en studio à la surface d’une piscine dans laquelle Majuri a déposé un fond (le paysage). Il lui reste à diriger ses actrices et à prendre la prise de vue… au ras de l’eau.

Mont-sur-Marchienne (Charleroi). Musée de la photographie, 11 av. Paul Pastur. Jusqu’au 18 septembre. Du mardi au dimanche, de 10 à 18 heures. www.museephoto.be

A voir aussi les portraits de la ville de Charleroi par le Français Bernard Plossu.

GUY GILSOUL

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