En voiture!

Le théâtre de la Balsamine accueille 7 compagnies de « théâtre d’objets », pour quelques soirées ludiques et tout public

Chez nous, le « théâtre d’objets » est surtout connu grâce à la compagnie Gare Centrale, fondée il y a vingt ans par la comédienne Agnès Limbos. Un bel anniversaire, qui donne lieu à une nouvelle création, une des perles enfilées sur le collier de spectacle du festival En voiture! Cette manifestation se propose de faire découvrir différents aspects de ce théâtre d’objets tel qu’il est cultivé par des compagnies hors frontières. Le « théâtre d’objets », terme usité depuis une vingtaine d’années, désigne une forme de spectacle visuel alliant étroitement le côté plastique et le jeu d’acteur. A la différence du théâtre de marionnettes où le comédien manipule des éléments articulés et de l’ordre du réalisme, lethéâtre d’objets accorde une vie symbolique et poétique à des objets usuels.

Ainsi, puisant dans son ahurissant bric-à-brac pour élire quelques pots de fleurs, des guirlandes de Noël, une vieille chaussure, une bassine, des pommes de terre et un sachet de confettis, Agnès Limbos crée un univers à la fois fantaisiste et cohérent, propre à susciter le rire comme la réflexion. Après Petrouchka, Princesse ou Petites Fables, Agnès Limbos nous propose Dégage, Petit! Cette création, où il est question d’exclusion et de rencontres, fera éclater le cadre habituel des manipulations de la comédienne, qui se résumait jusqu’ici à une table et à une chaise, et introduira pour la première fois des moments dansés. Même si Agnès Limbos est seule en scène, une équipe de complices de toujours participe au spectacle. Pour les 20 ans de la compagnie, ils exposeront une série d’objets hétéroclites, souvenirs d’un piquant parcours collectif.

Ogresse et ticket de tram

Les compagnies de théâtre d’objets n’étant pas très nombreuses, celles-ci se croisent régulièrement à l’occasion de festivals. De plus, loin de tout esprit de concurrence, elles se réunissent pour échanger leurs expériences et trouvailles. Il était donc naturel pour Agnès Limbos de les convier à Bruxelles, où elles se produisent pour la première fois.

Considéré comme un maître du genre, Gyula Molnar nous proposera Trois Petits Suicides, détaillés en autant de courtes scènes, dont Pita, brûlante métamorphose d’un grain de café et d’une allumette… Avec Vingt Minutes sous les mers, Katy Delville nous fera visiter les grands mythes liquides, grâce à un aquarium dans lequel flottent divers objets qui aiguisent l’appétit d’une ogresse. Basé sur une nouvelle de Dino Buzzati, Appel d’air, pièce sans paroles de Charlot Lemoine, joue sur la frontière du mime et de la gestuelle et, par ailleurs, sur des objets bizarrement dotés d’une vie autonome. Simplicité des moyens utilisés et imagination débordante sont encore de mise dans Pft fft fft, un spectacle pour lequel Pierre Lecompte et Jacques Templerault ont inventé un langage fait de sons vocaux, d’objets colorés, de sifflements et de mots éparpillés. Le discours, bien intelligible cette fois, sera très présent sous le micro-chapiteau où évolue Zaza, la reine des Puces savantes, dûment dressée par Dominique Kerignard.

Dans un autre registre, parole et objets se disputeront la vedette dans La Conférence des petits papiers. Ici, Christian Carigon nous livrera le résultat d’une étrange archéologie urbaine. Après avoir recueilli au sol listes de courses ou pense-bêtes griffonnés et jetés après usage, le comédien reconstitue les colères de parcmètres ou les drames d’amour qui se sont glissés dans les notes éparses de ces brefs manuscrits de rue. Un spectacle humoristique qui complète avec brio ce panorama du théâtre d’objets.

Lucie Van de Walle, Bruxelles, Théâtre de la Balsamine, du 26 au 29 décembre. Tél.: 02 735 64 68.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire