En attendant le RER…

Les enfants qui rejoignent leur école à vélo font encore figure d’exception, à Waterloo. Mais peu importe. Devant l’ampleur des problèmes liés à l’accroissement du trafic automobile, toutes les solutions sont désormais envisagées, tant du côté des autorités que des citoyens, souvent réunis en associations. En un mot comme en cent, cette commune de 30 000 habitants veut venir à bout de ses sempiternels bouchons.

Sur le terrain, les marteaux piqueurs sont entrés en action : ils marquent le début des travaux qui annoncent l’arrivée du RER bruxellois (probablement entre 2012 et 2016). Pendant ce temps, tout le monde, à Waterloo, attend avec impatience les conclusions du plan intercommunal de mobilité, lancé il y a un an et demi et commandé au bureau d’études français Egis. Les autorités communales les promettent pour septembre, même si certains en doutent. Ce plan vient d’entrer dans sa troisième et dernière phase, celle des recommandations, après une période de diagnostic et de définition des objectifs.

Un entonnoir entre le sud et Bruxelles

 » On ne croit pas au miracle, tempère d’emblée l’échevin de la Mobilité, Alain Schlösser (MR). On sait que Waterloo forme un entonnoir entre le sud de la Belgique et Bruxelles. En outre, le Brabant wallon connaît une véritable explosion démographique. Mais les propositions qui seront formulées en septembre permettront de fluidifier un peu le trafic et de sécuriser le passage à une mobilité plus douce. Plus tard, le RER pourra absorber une partie du trafic. Mais il faudra s’adapter à ça aussi : peut-être faudra-t-il aménager une seconde gare. « 

D’ici là, quelques décisions favorables à la mobilité sont sur le point d’être prises au pied de la Butte. Le premier bus strictement local devrait ainsi arriver en mai ou en juin prochain. Jusqu’à présent, les seuls bus des TEC qui passaient à Waterloo se rendaient à Braine-l’Alleud, Bruxelles ou Louvain-la-Neuve. D’autres petites mesures d’urgence sont annoncées avant la grande batterie de propositions : meilleur phasage des feux rouges, sécurisation des abords des écoles, création de sens interdits, etc.

La politique de parking automobile constitue l’une des questions qui fâchent. La commune de Waterloo met à disposition, non sans fierté, 1 000 places gratuites dans le centre-ville. Résultat : en plus d’être embouteillées en semaine, les rues le sont aussi le samedi. Nombre d’habitants de la région, sachant que les places de parking sont nettement plus chères ailleurs, aiment en effet fréquenter les commerces de Waterloo.  » Mais le trafic n’est pas bon non plus pour le commerce, rappelle Daniel Verstraeten, président de l’association locale des commerçants. Il faut pouvoir remettre en question le parking gratuit. Et s’interroger sur la nécessité d’avoir trois voitures pour un seul ménage, ce qui est fréquent dans notre commune. « 

Le centre de Waterloo réservé aux seuls piétons ?

Le taux de motorisation par habitant de Waterloo est, de fait, l’un des plus élevés de l’Union européenne. Lise Jamar, chef de file des Ecolo dans la commune, mise beaucoup sur le futur plan intercommunal de mobilité.  » Nous l’attendons depuis longtemps, mais je préfère être patiente pour que ce plan soit réaliste, efficace et durable.  » Chez Ecolo, on défendra naturellement le développement des transports en commun, la constitution d’itinéraires pour la mobilité lente, la réduction du parking gratuit…  » Chacun devra faire un effort, ajoute la conseillère. Trop de parents préfèrent encore conduire leur enfant à l’école en voiture. Pour l’instant, c’est compréhensible, car l’espace public présente un niveau de convivialité lamentable. « 

Les élus du Parti socialiste, eux, plaident en faveur de l’instauration d’un vaste piétonnier au centre-ville. Cette proposition mise à part,  » le conseil communal ne devrait pas rencontrer de grandes difficultés pour se mettre d’accord, estime Jacques Ternest, leader du PS local. Nous avons tous conscience du problème de la mobilité ici, de la nécessité des pistes cyclables et des transports en commun. De toute façon, Waterloo va prendre un autre visage dans les années qui viennent. Autant s’y adapter dès à présent. « 

Il y a quelques années, Waterloo avait déjà tenté de trouver une solution radicale à ses problèmes, en construisant une route de contournement. En vain. Malgré les appels répétés du bourgmestre Serge Kubla (MR), il lui a été impossible de faire plier la commune flamande de Rhode-Saint-Genèse, dont l’accord était indispensable au projet. A l’est de la ville, la forêt de Soignes empêche en effet toute initiative de ce type. La célèbre Nationale 5 (ou chaussée de Bruxelles), qui coupe Waterloo en deux, restera donc la voie d’accès privilégiée vers la capitale, pour les habitants de Braine-l’Alleud et les autres communes avoisinantes.

Impatients, les citoyens se mobilisent

Face à cette situation, les citoyens manifestent de plus en plus leur impatience dans le cadre de diverses associations : la Ligue des familles, les mouvements écologistes, les comités de riverains, etc. C’est dans ce contexte que s’est créée l’Alliance mobilité, en 2001. Cette association de fait, pluraliste, s’active, à coups d’études, de conférences et de plaidoyers, pour obtenir la création d’un réseau de TEC communal et le réaménagement de la N5.  » Trois lignes de bus suffiraient, affirme le président Serge Wesel. Quant à la N5, elle devrait, selon nous, passer de quatre à deux bandes au niveau de Waterloo, avec des aménagements pour permettre aux piétons et cyclistes de l’emprunter ou de la traverser aisément. « 

Ces propositions, la locale des Cyclistes quotidiens (GRACQ), née en 2000, les soutient.  » La commune avait promis un plan cyclable en 1998, rappelle le responsable, Thierry Colla. Elle promettait la création de 30 kilomètres de pistes pour vélos. Depuis lors, seuls trois ou quatre kilomètres de pistes ont vu le jour. En outre, ces aménagements sont souvent inadéquats, notamment parce que ceux qui les décident ne sont pas cyclistes eux-mêmes. Mais nous avons beau remettre des propositions, la commune ne collabore guère avec nous.  » Le GRACQ aurait aimé, par exemple, que la commune prenne à son compte et développe le système de ramassage scolaire à vélo. En vain.

B. M.

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