Ecole pour Noirs

Boris Thiolay Journaliste

A Liverpool, Elimu accueille les jeunes blacks en rupture de scolarité

D’origine afro-caribéenne, ils ont entre 11 et 16 ans et ont été exclus du système scolaire public pour des problèmes d’indiscipline. Elimu (académie, en swahili) est leur dernière chance. Cette école associative de Liverpool est unique en Grande-Bretagne : elle s’est donné pour but d’accueillir presque exclusivement des élèves noirs.  » Dans l’enseignement public, la culture afro-caribéenne est ignorée ou présentée comme négative, explique Gloria Hyatt, fondatrice d’Elimu et professeur d’anglais. Et les enfants n’y trouvent pas de référents adultes qui leur ressemblent : dans tout Liverpool, il n’y a que sept professeurs blacks. Pour nous, c’est peu.  »

L’école Elimu inverse radicalement la tendance : 75 % du personnel est noir, 92 % des élèves aussi.  » Ces gamins ont souvent été confrontés à la drogue et aux gangs. Nous voulons les aider à changer d’attitude, à revaloriser leur identité, pour qu’ils puissent ensuite réintégrer l’enseignement public « , poursuit Gloria Hyatt. Taux de réussite affiché depuis huit ans : 97 %. Elimu est subventionnée par les services de protection de la jeunesse, le rectorat de Liverpool et les écoles qui renvoient des élèves.

Face aux statistiques û les élèves noirs sont six fois plus souvent exclus de l’enseignement public que les autres û la demande de lieux éducatifs spécifiques s’amplifie en Grande-Bretagne, où le communautarisme se banalise. Lee Jasper, conseiller du maire de Londres pour les questions d’égalité, a lancé l’idée, en juillet 2001, d’écoles réservées aux Noirs. Mais la loi britannique l’interdit : ce serait de la discrimination raciale.

A Birmingham, deuxième ville d’Angleterre û 977 000 habitants, dont 30 % issus de minorités ethniques û le révérend Joe Aldred, vice-président du Conseil des Eglises noires, souhaite créer des faith schools, arborant une coloration religieuse pour masquer leur spécificité noire. Le débat a été relancé à la suite du meurtre par balles, le 2 janvier, à Birmingham, de deux jeunes filles afro-caribéennes de 17 et 18 ans par des membres d’un gang black.  » Le système éducatif public n’offre plus d’antidote à l’échec à nos enfants. Le problème est identifié : la communauté noire ne doit pas rester assise et regarder « , insiste le révérend. Et Avtar Mangat, professeur d’origine sikhe d’un collège public, est l’un des seuls à s’insurger :  » Après les Noirs, les sikhs demanderont leur école, puis les musulmansà Ce ne sont pas de bonnes fondations pour une société saine.  »

Boris Thiolay

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