Du jamais-vu !

Veillée de l’Yser, pèlerinage de l’Yser, Gordel : la rentrée politique en Flandre est éclipsée, à des degrés divers, par lesdits événements para-politiques, auxquels la classe politique se doit d’être présente. Lors de ces happenings, la Flandre présente plutôt l’image d’une région humiliée, à l’image du Pays basque ou du pays de Galles. Ce complexe d’infériorité flamand bien connu s’explique parfaitement par le souvenir de ce maudit xixe siècle, dont certains ne souhaitent pas se détacher. Bien sûr, il y a des différences marquantes entre la veillée de l’Yser, le pèlerinage du même nom et le Gordel. La veillée de l’Yser est l’assemblée de la non-réconciliation et de la haine, se situant plus à droite que le Vlaams Belang et peu représentative. Le pèlerinage de l’Yser se justifiait par l’Histoire, mais il mourra de sa belle mort avec les derniers anciens combattants de la cause flamande. La jeunesse flamande assiste aux festivals d’été et ne voit plus l’intérêt de sa présence à Diksmuide. Le Gordel est une manifestation politique qui ne dit pas son nom et dont les participants portent des vêtements de loisirs. Mais, à chaque mètre du trajet qu’ils parcourent à pied ou à bicyclette dans la périphérie bruxelloise, ils se disent :  » Je me trouve ici sur mon territoire, propriété des Flamands.  » Certains francophones ont compris le message et sèment des punaises sur la voie publique. Ce Gordel est également un pèlerinage, qui, après la scission de Bruxelles-Hal-Vilvorde, se transformera en simple promenade ou randonnée à vélo. Puis nous pourrons organiser un Gordel des trois Régions, de Vilvorde, en passant par Bruxelles, jusqu’à Hal et – pourquoi pas ? – Waterloo, quoique moi-même je préfère m’adonner, tout seul, à ces plaisirs bucoliques.

La véritable réalité de la rentrée politique dans le nord du pays est que la Flandre ne s’est jamais trouvée en aussi mauvaise posture : des entreprises ferment leurs portes et, subitement, elle souffre davantage du chômage économique que la Wallonie. Du jamais-vu : une Flandre qui présente des traits wallons… La Flandre est trop petite pour affronter, en tant qu’  » Etat  » semi-autonome, la crise économique. Des politiques responsables devraient livrer clairement ce message aux amateurs de la veillée de l’Yser, du pèlerinage de l’Yser et du Gordel.

TOUTES LES CHRONIQUES  » Vu de Flandre  » SUR WWW.LEVIF.BE

GUIDO FONTEYN – Ancien journaliste au Standaard et auteur

La Flandre ne s’est jamais trouvée en aussi mauvaise posture

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire