Dormir à deux, c’est l’enfer !

Olivier Rogeau
Olivier Rogeau Journaliste au Vif

Les humains sont-ils faits pour partager un lit ? Pas forcément. Les mauvaises nuits sont même l’une des premières causes de dispute au sein du couple.

En couple depuis quatre ans, nous nous entendons bien, mais pas pendant la nuit. Je ne supporte pas que mon copain vienne se coller à moi. Je préfère dormir seule. Bien sûr, il le prend mal… » Hommes et femmes, ils sont nombreux ceux qui, comme Vanessa (31 ans), ont des nuits à deux peu sereines. Car partager le même lit n’est pas synonyme d’un sommeil de qualité.

 » Les manies nocturnes et les pathologies du sommeil sont parmi les principales sources de conflit dans le couple, constate Fabrice Jurysta, sexologue clinicien et médecin psychiatre au Labo du sommeil de l’hôpital Erasme, à Bruxelles. Des partenaires aux habitudes très différentes ont parfois du mal à trouver un terrain d’entente.  » On connaît la chanson : l’un a toujours trop chaud, l’autre a les pieds gelés ; l’un aime dormir la fenêtre ouverte, l’autre trouve qu’il faut augmenter le chauffage ; l’un est un couche-tard, l’autre sent son  » train de sommeil » arriver avant 22 heures ; l’un traîne tard le soir devant la télé, l’autre préfère son lit…

 » Les couples plus anciens, eux, viennent consul- ter pour des problèmes liés, en général, à l’apnée du sommeil ou au ronflement, l’ennemi n°1 de la nuit à deux, poursuit le Dr Jurysta. Un cas classique : Monsieur nous est envoyé par sa femme, lasse d’être réveillée par le bruit qu’il fait. Faire chambre à part est perçu par beaucoup comme un échec. Ce peut être le début de la fin d’une relation intime.  »

Dormirait-on mieux seul qu’à deux ? Les avis des couples qui ont accepté de répondre à nos questions divergent. Une enquête menée pendant huit mois par des chercheurs viennois auprès d’une dizaine de partenaires tendrait néanmoins à le démontrer. Les femmes seraient, en outre, plus sensibles aux mouvements de leur partenaire que l’inverse : elles se souviennent mieux de leurs rêves quand elles ont dormi seules.  » L’an dernier, une autre étude, réalisée en Grande-Bretagne, s’est intéressée au sommeil après l’amour, poursuit le sexologue de l’hôpital Erasme. Il s’avère plus profond, en début de nuit, qu’en cas d’absence d’acte sexuel. Mais cet avantage est perdu par la suite, à cause des bruits et des mouvements du conjoint. Il faudrait donc, idéalement, faire l’amour, puis se quitter ! « 

Selon les spécialistes des troubles du sommeil, la meilleure façon de passer une nuit de qualité serait de dormir dans le noir absolu, sans bruit et… seul. Les petits drames qui se jouent à deux sous la couette sont, en réalité, souvent des plus banals.  » Ma femme se plaint de ma tendance à dormir en travers du lit et de l’écraser, raconte André, 44 ans. Elle me reproche aussi de lire tard, ce qui gène son endormissement. « 

A ces habitudes qui énervent l’autre s’ajoutent les pathologies du sommeil : troubles respiratoires (ronflements, apnées), bruxisme (grincement des dents), syndrome des jambes sans repos (mouvements involontaires des membres inférieurs), troubles du rythme (décalage horaire), insomnies, somnambulisme… L’auteur des nuisances n’en est pas forcément responsable, mais il a tout intérêt, pour éviter les tensions, à consulter un spécialiste.

Les corps gardent en effet de solides rancunes des mauvaises nuits trop fréquentes.  » Tous les vendredis soir, mon mari sort avec ses collègues, confie Anne, 37 ans. Il rentre à la maison avec quelques verres dans le nez, alors que je suis déjà couchée. Ces soirs-là, je préfère me réfugier sur le canapé du salon tellement il ronfle fort.  »  » Chez les Britanniques, raconte le Dr Jurysta, la décision de faire chambre à part est prise beaucoup plus facilement que dans nos sociétés latines. Chez nous, se séparer juste après l’acte sexuel est mal vécu par les deux partenaires.  » l

Ce 21 mars est consacré, comme chaque année, Journée internationale du sommeil. Selon une enquête menée en 2004, 20 % des Belges se plaignent d’un problème lié au sommeil.

Olivier Rogeau

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